Ody Saban, Sabine Darrigan et Geneviève Seillé | Outsider Art

Ody Saban crée la "beauté" par strates successives. Elle peint puis dessine sur sa peinture, repeint puis redessine jusqu'à être satisfaite de l'image obtenue, sans aucune préscience de l'œuvre à atteindre. Le vertige de la création, l'euphorie prennent le dessus. L'artiste immerge le spectateur au cœur d'une nature luxuriante, inquiétante, dévorante, où les êtres et la végétation se métamorphosent, parés de couleurs flamboyantes et psychédéliques. Cet univers de forêts oniriques est le lieu de toutes les éclosions, propice à l'étreinte amoureuse, à la quête spirituelle, au recueillement. Dans la forêt inondée se meuvent des bateaux qui représentent l'Inconscient humain, habités d'êtres surgissant de la mythologie personnelle de l'artiste. Sabine Darrigan nous emporte vers un ailleurs fantasmé. A la rencontre de l’autre, ses sculptures incarnent la richesse, le raffinement et la complexité des cultures humaines. Empreintes de spiritualité, elles nous transportent aux confins du mystère et incitent à l’éveil de nos sens, troublés par tant de beauté. Car elle invente, à la croisée des chemins, entre Orient et Occident, Inde et Asie, des figures d’ailleurs rêvées, à l’aura solaire, opulentes et parées de somptueux atours glanés au gré de ses expéditions parisiennes, témoins de son raffinement extrême et de ses curiosités. Tissus rares, perles anciennes, métaux précieux, autant de matériaux riches ou modestes qui une fois assemblés par ces mains savantes subliment le réel et invitent au rêve… Dans l’œuvre plastique de Geneviève Seillé, le mot règne en maître absolu. Objet de fascination, seule son apparence visuelle compte et devient une entité esthétique. Cet engouement pour l’attrait formel du mot remonte à la petite enfance de l’artiste où elle se délecte du bruit de la plume imbibée dans l’encrier puis de son cheminement sur le papier. La sensibilité en éveil, la copie de ligne, de mot, de lettre lui procure alors un plaisir immense. C’est en 1995 que Geneviève Seillé franchit une nouvelle étape en concevant ses propres mots, ses « signes denses » qu’elle intègre à son œuvre. La linéarité et la couleur se mêlent, conférant à ses dessins une certaine symétrie, une certaine répétition. Elle ne laisse aucune place au vide. Tout est prétexte à remplissage, à « gribouillage » comme elle se plait à dire, mais un gribouillage qui s’harmonise toujours à la fin. Visuel : Détail œuvre d'Ody Saban