Nicolas Daubanes | Nomen Nescio

Les œuvres de Nicolas Daubanes portent en elles leur propre processus de disparition : le matériau se délite, le béton de la sculpture ou la limaille de fer des dessins tendent à l’effritement, sans couleur, comme dans une volonté de se dégager de la contrainte de la forme et de celle du sujet, qui semblent tous deux vouloir disparaître avec le temps. A l’inverse, le château, classé monument historique, s’affirme dans sa volonté de résistance au temps, d’autant plus manifeste qu'un important chantier de restauration en cours sur le pavillon du roi vise à en consolider les soubassements. Son architecture classique, avec sa symétrie affirmée en façade, organise l’espace et affiche sa volonté de maîtrise totale de son environnement. L’artiste introduit des failles dans ce principe : l’escalier en vis renversé à l’entrée de la cour, la collection de dessins de bâtiments carcéraux qui ne semblent plus que les fantômes de ce qu’ils représentent. Et dans le comble sombre, une table recouverte de livres éclairée par une batterie solaire qui a capté son énergie dans un lieu qui fut un temps prison, l’abbaye de Fontevraud : l’idée d’une surveillance, d’un contrôle et d’une contrainte à nous maintenir dans le halo de lumière. Visuel> Sabotage 9, béton, fer, sucre, Nicolas Daubanes, 2020.©Photo Charly Muller