Nicolas Daubanes | Le Chiffre Noir

Exposition Nicolas Daubanes

Lauréat du Prix Drawing Now 2021, Nicolas Daubanes a développé une esthétique et un langage plastiques par l’emploi unique de la limaille de fer. Si ses travaux les plus connus sont les dessins réalisés par l’aimantation de la limaille, il s’attache à rendre visible les évènements les plus sombres de l’histoire ou encore le monde carcéral tant sur le papier que sur le verre ou encore le béton. Pour son exposition au Drawing Lab, l’artiste poursuit ses recherches à mi-chemin entre le dur (le béton) et le fragile (le verre), le visible (le dessin) et le sensible (l’histoire). Son travail ne laisse personne indifférent, quel que soit le degré de lecture et de connaissances des sujets révélés aux spectateurs. Le chiffre noir désigne l’écart de subjectivité entre deux forces antagonistes. Par exemple, les décalages entre les estimations du nombre de participants à une manifestation, du point de vue de l’organisateur ou des forces de l’ordre. Entre fantasme et rationalisme, ces chiffres s’avèrent finalement faux puisque fondés sur une inconnue. C’est à ces inconnues que s’attaque cette exposition dont les sujets traités par l’artiste ne sont ni beaux ni légers. Et pourtant. Dans sa pratique, Nicolas Daubanes se confronte aux matières les plus solides, ou encore les plus fragiles, qui se créent à partir du feu. Ici, le béton, le verre, la céramique, la limaille de fer (signature)... constituent des œuvres porteuses d’histoires qui nous interrogent dans notre rapport avec le passé et le souvenir collectif. Dans la vidéo Société tu m’auras pas !, Nicolas Daubanes plonge le spectateur dans l’univers carcéral d’un prisonnier à perpétuité. De cette vie de détenu, l’artiste n’en révèle rien mais donne au contraire à voir un moment d’évasion virtuelle. Ce béton, qui fonde les murs les plus épais, Nicolas Daubanes le fabrique, l’édifie et le fragilise en y ajoutant du sucre, ce geste est emprunté aux résistants de la seconde guerre mondiale qui sabotait insidieusement le mur de l’Atlantique en glissant l'ingrédient destructeur dans les bétonnières. D’élément d’architecture protectrice, le béton devient support de la révolte et de l’indignation. Visuel > Nicolas Daubanes, Hôtel de Ville, 1871, 2020. Poudre d’acier aimantée, 350 × 750 cm. Exposition L’Huile et l’Eau, Paris, Palais de Tokyo, 2020 © Marc Domage.