Toutes ses propositions sont floutées ou brouillées. Cet effet de flou, engendré par la camera obscura, Martin Streit l'aime et l'entretient. « J'aime que ce ne soit pas concret, pas trop descriptif. Il ne faut pas trop dire la réalité. C'est comme dans un doux rêve », dit-il. Le flou que nous offre Martin Streit rend ses images fragiles, fuyantes et poétiques. Devant chacune d'elles, l'oeil cherche à faire le point, mais n'y arrive pas. Ce personnage debout sur fond grisé, il n'est pas reconnaissable. On ne sait pas qui il est. Cette autre silhouette qui marche d'un pas affirmé, en diagonale vers l'extérieur du cadre, sur un fond indéfinissable. Elle nous tourne le dos ou son visage est flou. Tout semble dans le brouillard. Ce produit un basculement de notre perception. Ce pourrait être nous, ou une personne oubliée puis revenue dans notre mémoire. Une poésie s'installe. Rien n'est permanent. Passé l'instant de la vision, tout peut disparaître. Ou fuir dans l'oubli. Martin Streit peint tous les jours. « La technique, c'est n'est rien, poursuit-il. Ce qui m'importe c'est de créer une poésie, une émotion par la lumière, la vibration de la couleur et la forme Il n'y a ni concept, ni narration, ni histoire. C'est la vibration de l'image seule. » Visuel : Frau mit rotem kleid, Martin Streit.
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