Marlène Mocquet | En plein cœur

C’est au tour de Marlène Mocquet de prendre possession du musée de la Chasse et de la Nature. Dans le contexte très marqué de l’hôtel particulier du XVIIe siècle, ses œuvres existent différemment et jouent du contraste avec la thématique du musée ou de la proximité formelle avec les armes anciennes, les trophées de chasse ou la collection de peintures françaises du XVIIe siècle. Née en 1979 à Maisons-Alfort et diplômée des Beaux-Arts de Paris en 2006, Marlène Mocquet a accepté l’invitation et a installé une soixantaine d’œuvres de son monde enchanté (vingt-huit sculptures réalisées pour l’essentiel à la Manufacture nationale de céramique à Sèvres et vingt-sept peintures occupent les salles du premier et du deuxième étages). C’est tout un petit peuple moqueur et cruel qui vient s’affairer ou s’ébattre sous le regard paisible des animaux naturalisés accrochés aux murs. Avec une cocasserie grinçante qui évoque l’univers de Jérôme Bosch, il se livre à des activités dont le sens nous échappe. Il y est question de peinture et de dévoration, de monstres et d’insouciance. L’art de Marlène Mocquet a un caractère faussement enfantin. Pourvus de grands yeux et d’une tête disproportionnée, les personnages pourraient sortir d’un cahier d’écolière. Mais ils viennent habiter un paysage mental d’une grande complexité. Dans un virtuose exercice d’improvisation l’artiste donne vie à des formes accidentelles, à des taches investissant le support de manière aléatoire. Qui ne s’est déjà essayé à reconnaître des figures mouvantes dans les nuages ? L'artiste procède ainsi. Prenant appui sur les raclures et les coulures maculant ses toiles, elle vient les ponctuer de détails minutieusement figurés qui viennent révéler les formes et leur donner une cohérence plastique. La moindre tache devient le point de départ d’une véritable odyssée, la giclure la plus anodine définit la ligne à suivre pour dérouler les fils de contes fantastiques. Visuel : © Marlène Mocquet, détail. Cliché : Sandra Hamburg.