Le temps pour horizon | Julie C. Fortier

Avec la proposition de Julie C. Fortier, les odeurs, qui imprègnent les salles du château, proposent l’expérience d’une absence, d’une perte, la mise en évidence d’un effacement, celui produit par le temps. L'artiste évoque en creux, en traces odorantes intimement pénétrantes, l’histoire des femmes ayant vécu dans ces lieux. De salle en salle, d’odeurs en parfums, un paysage féminin se dessine, celui d’Hélène de Hangest, de Jacqueline de la Tremoille, de Françoise de Brosse, de la Marquise Athénaïs de Montespan, ou de la dernière Vicomtesse d’Oiron, qui ont toutes fréquenté ces lieux. Le temps suggéré est aussi celui rythmé par les saisons : l’artiste est venue chaque mois de l’année précédant l’exposition récolter des plantes odorantes aux alentours immédiats du château et réaliser à partir d’elles ses parfums mensuels. La visite des lieux devient une expérience sensorielle où les odeurs se déplaçant au gré des courants d’air servent de guide. Elle rejoint en cela l’intention initiale qui a prévalu à la conception de la collection permanente à la fin du XXe siècle: proposer une découverte du château à travers les cinq sens. La présence odorante du mur de cire de Wolfang Laib (Paroi, 1989, coll. FNAC) est là pour le rappeler. Visuel> Julie C. Fortier lors de sa récolte de plantes en mai 2020. ©Photo Charly Muller