Jean-Marie Appriou | Farah Atassi | Nick Relph

Le Consortium présente actuellement trois expositions consacrées respectivement à Jean-Marie Appriou, Farah Atassi et Nick Relph. « L’art d’Appriou est mat, gris comme l’aluminium, sec et épineux. Aujourd’hui il agrandit d’anciennes brèches vers la céramique, au bénéfice de glaçures de céladon et d’outremer, –bas-relief–, vers le verre soufflé dans un moule, vers la gravure d’eau-forte, vers le bronze –bas-relief toujours– au bénéfice d’un patiné lune ou vert de gris de marécage…, écrit Franck Gautherot, commissaire d’exposition. L’art d’Appriou donne envie de revoir –pour le fonder et l’ancrer si besoin– les animations oubliées de bas-reliefs de centres villes, les ornements végétaux, les symbolismes pompeux et utiles des ponts jetés sur la rivière centrale, les sculptures funéraires des cimetières, les tombes portant gisant célèbre au renflement d’entre jambe usé et dépoli de l’avoir trop été par des mains dévotes ! L’art d’Appriou donne envie. D’en voir plus (...). » Dans un entretien conduit par Eric Troncy, codirecteur du Consortium, Farah Atassi présente ainsi le travail qu’elle expose ici : « Les tableaux sont dans le prolongement direct de ce que j’expérimente depuis deux ans. Il s’agit d’explorer les sujets classiques de la peinture (des natures mortes, le nu féminin, le thème de la musique, l’atelier). Je commence toujours par définir un espace, construit avec un toit, une ligne d’horizon et une première marche qui installe un espace scénique – autant dire le lieu de la représentation. Ce sont des scènes de théâtre et des décors,  sur et dans lesquels j’inscris ensuite les figures ou les compositions, qui se déploient le long d’une grille tracée par les lignes de fuite. (...) Je fais une peinture figurative avec un langage de peintre abstrait : la base de mon travail ce sont des formes géométriques. D’un point de vue strictement formel ; le Cubisme est une source revendiquée. Je ne suis évidemment pas la seule à avoir de l’admiration pour Picasso : ses modèles – femmes ou maitresses – étaient aussi traversés par le désir qu’il posait sur elles. Pour ma part, j’essaie de peindre ces modèles comme des objets, en évacuant la dimension libidinale. J’essaie de faire que ces figures soient incarnées, mais sans pathos. Pour autant c’est une matière qui vibre, assume ses repentirs, son empâtement parfois. C’est la matière picturale qui conduit l’émotion. » « Entre la vidéo, la sculpture, la gravure, la photographie, les collages, le tissage, le travail de Nick Relph, depuis la fin des années 1990, s’engage dans la production d’objets-frontières qui impliquent des mondes, des fabriques hétérogènes, des rapports d’échange et de conflit, écrit Stéphanie Moisdon, commissaire d’exposition. En marge des errances postmodernes et des impasses de la mélancolie, il a probablement saisi qu’il faudrait dorénavant penser au-delà du sujet, de l’objet et de leur combinaison, et compter avec une pluralité de modes d’existence, avec ce que la collecte anthropologique et la technique offrent comme autres dispositions d’invention. Avec le pliage, la courbure, le détournement, le détourage, avec les implications et les complications, avec la contingence et les faillites de la production, au risque d’une aventure esthétique et intellectuelle décousue, au prix d’une position vertigineuse : être le témoin et producteur de lieux chaotiques, de transferts inqualifiables. » Visuel : © Farah Atassi.