Féminin pluriel | Exposition collective

La collection permanente de la Création franche compte plus d’un tiers de productions faites par des femmes. Au regard de l’art contemporain, cette proportion est conséquente puisque les femmes représentent seulement 15% des artistes des collections publiques d’art contemporain en France. Cette nouvelle exposition du Musée de la Création franche s’intéresse aux femmes, en tant que créatrices et sujets des œuvres. A l’écart de tout enjeu élitiste, elles créent en autonomie sans chercher à imiter ou à être dans le sillage des hommes. Les créations présentées, de créateurs féminins et masculins, mêlent différentes techniques et supports (textile et broderies, sculptures, peintures, dessins…). L’exposition présente une sélection d’œuvres d’une centaine de créateurs du fonds de collection Création Franche. Elle trace plusieurs angles d’approche : Les femmes vues par les femmes. Le parcours débute avec un aperçu de la variété et des contrastes de la création exclusivement féminine au sein de la collection : les pionnières telles que Magde Gill, Martha Grünewaldt…, les femmes ayant souffert de leur condition sociale comme Yvonne Robert… Les femmes revendicatives. Certaines ont investi le domaine de l’expression plastique pour traduire leurs messages tantôt féministes, tantôt clairement érotiques par des « œuvres manifestes ». Les corps nus épurés d’Evelyne Postic ou ceux entièrement recouverts de motifs tels des tatouages de Magali Lefrançois évoquent une féminité revendiquée. Les dessins d’Ody Saban, créatrice impliquée dans des mouvements féministes, évoquent l’érotisme et la sexualité féminines. Les femmes vues par les hommes. Le regard de l’artiste masculin met en lumière la femme incarnant la muse, la compagne de l’homme, la maternité. Les peintures colorées de Joseph Claret évoquent clairement ces sujets. Mais certains créateurs insistent, parfois sans nuance, sur la féminité séductrice ou sur les perspectives amoureuses et sexuelles que pourraient offrir leur personnage. Au-delà des préjugés. Autant sur les sujets que les supports utilisés, les préjugés sont tenaces. Des œuvres textiles d’artistes féminines et masculins seront mises en regard. Les tapisseries brodées de Jacques Trovic ou les peintures sur soie de Serge Petrovitch illustrent cette appropriation d’un usage de supports traditionnellement féminins. De même, il serait réducteur de croire que les messages durs sont réservés aux hommes. La revendication féminine peut se transmettre dans des œuvres provocantes loin de toute mièvrerie. Les poupées ligotées de Blandine Daurios-Clerc et les personnages ensanglantés de Marie-Claire Guyot peuvent être, par bien des aspects, inquiétants.