La Fin de l’Asphalte rassemble les derniers travaux d’Elizaveta Konovalova, principalement photographiques et vidéos, autour des « textures signifiantes » des choses. L’objet complet, sa forme indemne, suscite rarement l’intérêt de l’artiste. L’objectif de son appareil se penche sur un fragment de mur, de sol, de peau… et fixe un état particulier de la surface, sa texture, son relief, son grain, mais aussi sa couleur, le rythme visuel crée par les rugosités, les creux ou les taches. Il ne s’agit pas de documenter la matérialité propre à tel ou tel objet, mais plutôt de mettre en évidence une texture ajoutée, une couche signifiante liée à une altération, un endommagement. Tantôt les traces de touchers délicats s’impriment en douceur, comme des dépôts de poussière ou de suie. Tantôt ces surfaces sont scarifiées d’actions plus violentes : chocs, entailles, brûlures, trous… Enfin nous sommes en présence des traces d’une catastrophe, que donne à voir la défragmentation absolue de l’objet. Ces marques, matérielles, sont les témoins d’un événement : celui de l’impact, qui a perturbé la quiétude de l’objet. Cet impact distingue l’objet de ces semblables, comme une cicatrice qui individualise un corps. L'artiste se penche alors sur la spécificité de la trace, celle qui témoigne du caractère et du type d’interaction qui a eu lieu. Elle s’intéresse avant toute chose à la préservation et la retranscription documentaire de ces images-preuves.
Elizaveta Konovalova | La Fin de l’Asphalte
