Eduardo Arroyo | Dans le respect des traditions

Considéré comme l’un des grands artistes espagnols de sa génération, Eduardo Arroyo dépeint l’humanité à travers des jeux d’images dont l’origine est tant la société que l’Histoire, l’histoire de l’art ou de la littérature. Il le fait avec une vérité et un humour qui se jouent des scénographies mythologiques ou politiques. Il utilise la narration par fragment, avec goût du paradoxe, et livre une œuvre picturale extrêmement construite et faisant preuve d’une liberté constante. Également écrivain, Eduardo Arroyo a choisi avec un soin particulier, mariant l’absurde et l’ironie, le titre de l’exposition à la Fondation Maeght, « Dans le respect des traditions ». La Fondation Maeght propose un parcours thématique d’œuvres réalisées depuis 1964, composé de tableaux célèbres et de peintures inédites dont une série de toiles réalisées spécialement pour cette exposition. Elle présente aussi de nombreux dessins, un ensemble de sculptures, dont des « pierres modelées » et des assemblages, entre fiction et réalité, comme une série de têtes hybrides. Spectaculaire par sa diversité de matières, par la profusion de personnages, par son éventail de couleurs, l’accrochage met aussi en scène des petits théâtres comme celui autour du tableau l’Agneau Mystique ou celui du Paradis des mouches, royaume des vanités. « Si l’art est l’un des moyens les plus perspicaces et les plus justes pour comprendre la psychologie humaine, pour mettre en lumière la vérité d’un individu, il peut, également, tenter d’exprimer non plus l’identité d’une personne mais celle d’une « humanité », d’un groupe d’hommes confrontés au temps ou à l’Histoire. L’art prend, chez l'artiste, une dimension de fable politique, philosophique ou sociale, quand il cherche à représenter les jeux, les signes, les langages, les chansons de geste des pouvoirs après lesquels court l’humanité », explique Olivier Kaeppelin. « Avec Adrien Maeght, nous trouvions qu’il était également intéressant de ne pas oublier les dialogues que ses œuvres entretiennent avec celles de Fernand Léger ou Francis Picabia. » Rattaché au courant de la Figuration narrative qui se développe en Europe dans le début des années 1960, Eduardo Arroyo, artiste engagé, refuse toute esthétisation complaisante de l’art et des images. Il défend l’exemplarité de l’œuvre. Il veut que sa peinture soit accessible au plus grand nombre. Ses toiles sont peintes en aplats, mais il emploie aussi fréquemment une composition tributaire du collage. Il exécute également des sculptures pour lesquelles il manie la terre cuite, le fer, la pierre, le plâtre ou le bronze. L’usage du « non sense », de l’illogisme, en fait un héritier direct de Lewis Carroll et de l’humour noir. Visuel : Eduardo Arroyo, Anónimos en el café Byron, 2006. © Eduardo Arroyo. Private collection.