« En mars 1969, le curateur Harald Szeemann inaugurait son exposition intitulée When Attitudes Become Form à la Kunsthalle de Berne. Les gestes ou concepts primant sur les œuvres elles-mêmes, les artistes présentés y assumaient alors l’inachèvement. Au fil du temps, l’événement est devenu l’un des principaux marqueurs historiques de l’art contemporain.
Mais cinquante années plus tard, qu’est-ce qui serait de nature à faire forme dans notre société que des artistes n’ont de cesse de documenter ou d’interroger si ce n’est le digital, ou plus précisément, le code dont il est la source ? Car il est à la fois outil et matériau, sachant qu’il n’est point de médium artistique à ne pas avoir été contaminé par des algorithmes semblables à ceux qui constamment interviennent dans nos vies, sans même que l’on s’en aperçoive. Parmi les artistes qui en usent, certains codent alors que d’autres s’entourent d’experts en langages ayant révolutionné toutes les pratiques et tous les usages. Nombre de leurs œuvres s’inscrivent en des processus ignorant l’idée même de finitude. Ce qui donne à de telles créations génératives un caractère d’inachèvement résolument assumé à l’instant. Il est même des artistes qui donnent à voir les fragments de codes qui, d’ordinaire, nous sont cachés. Mais toutes et tous ont en en commun de pratiquer une forme de lâcher-prise lorsque leur machine s’exécute. Et c’est ainsi qu’ils deviennent les premiers spectateurs d’œuvres collaboratives par définition. La valeur – au sens mathématique du terme – ayant remplacé celle de la teinte en peinture leur autorise tout autant d’infinies variations. » Dominique Moulon, commissaire de l’exposition. Avec Fleuryfontaine, Ianis Lallemand, Anne-Sarah Le Meur, Soliman Lopez et Claire Malrieux. Visuel : Rosespose_075, Anne-Sarah Le Meur,
2018. Courtesy Galerie Charlot.
Du code à l’œuvre | Exposition collective
