Caroline Veith | Dreamers

« J’aime les outils du dessin. J’utilise le papier calque pour son aspect translucide et la possibilité de travailler la matière des deux côtés. C’est comme si vous glissiez sur la glace. Dans mon processus de travail, je ne suis pas en train d’illustrer une histoire, j’en invente une : je démarre toujours à vide avec la plume, à l’encre de Chine, comme si je déroulais un fil. A ce moment-là, j’ai le sentiment d’être dans l’abstraction, comme si je construisais au trait, très fin, un labyrinthe. Petit à petit, je découpe, je colle, je détruis, ça se creuse, c’est comme des strates reliées par la mémoire, je me laisse emporter. (...) Le rouge représente le “fil rouge” de ce que nous sommes, nos humeurs, nos états d’âme, mais aussi le mouvement, la respiration, la vie, le coeur battant et le sang qui circule dans notre corps tout simplement. Cette couleur se déroule comme un fil de ma pensée immédiate pour relier, construire l’oeuvre ; elle peut aussi colorier mes personnages. Vient alors plus ou moins se glisser comme un décor rassurant ou inquiétant le végétal – luxuriant ou abîmé – et sa gamme de verts. Le bleu appartient à la même famille “nature” qui m’entoure : l’extérieur, le ciel, l’eau, élément fluide et à double langage. » Caroline Veith. Visuel : Le rêve du singe, Caroline Veith, 2016.