Benoît Maire | Miss Rankin

La pratique de Benoît Maire se situe au point de jonction entre philosophie et art, pensée et matière : sa force réside dans sa capacité à donner corps à une idée en portant une attention particulière sur les qualités sensibles de l’œuvre. A l’image d’un travail protéiforme alliant aussi bien peinture, installation, mobilier et vidéo, l’exposition s’articule autour d’un ensemble de toiles récentes de la série des Peintures de nuages, de sculptures et de collages qui témoignent de l’univers allégorique de l’artiste et de ses évolutions récentes. Entre autres, remarquons que le cheval parcourt l’exposition et la ponctue de sa présence mystérieuse et augurale. Sous une silhouette de profil toujours identique, archétypale, l’animal traverse les plans et les dimensions. Dans le lexique visuel de Benoît Maire, ce mouvement est celui de la fuite, comme, le rappelle-t-il, dans Richard III de Shakespeare où le monarque souhaite l’échanger contre la totalité de son royaume : « Un cheval, mon royaume pour un cheval ! ». Dès lors, pour l’artiste : « L’enjeu de la figure du cheval est de rendre effective la priorité de l’être sur l’avoir, et pour que l’inscription soit, soit encore, il faut qu’elle s’échappe. » Visuel> Peinture de nuages (triptyque), 2020. ©Benoît Maire, courtesy de l’artiste et galerie Nathalie Obadia, Paris/Bruxelles