Artiste emblématique et fondamentale de la scène artistique d’Amérique latine, Beatriz González a marqué des générations d’artistes et de penseurs. Son travail, qui dépasse les limites de la peinture par la multiplicité des supports utilisés, convoque l’histoire, la politique, l’humour, le privé et le public. En 1964, elle adopte un mode opératoire auquel elle restera fidèle par la suite, en faisant d’une image issue de la presse colombienne une série de tableaux. Les archives qu’elle collectionne montrent que l’imagerie populaire façonne son œuvre et constitue un terrain de recherche et de création fertile, dont elle extrait le folklore et le pittoresque. S’appuyant souvent sur la documentation photographique des reporters de presse, certaines de ses œuvres expriment aussi la douleur provoquée par la violence et la mort. Au sujet de cet aspect de son travail, Boris Groys affirme que loin de chercher la neutralité par l’appropriation qu’elle fait des images de presse, « sa peinture reste personnelle et même intime » dans la mesure où « elle trouve le moyen de faire des journaux quotidiens son propre journal intime et, inversement, de faire de son propre journal intime un outil politique ». L'artiste s’intéresse également à la représentation des icônes de la culture populaire (des idoles sportives aux politiciens en passant par les leaders religieux) et à celle des cultures indigènes et de l’art précolombien. Ses productions, qui apparaissent parfois comme des ready-made aidés, se déclinent sur divers supports incluant des meubles et des rideaux. Toujours en activité, l’artiste qui se décrit ironiquement comme une « artiste de province », accompagne les vives mutations sociales et politiques de la Colombie. Réunissant peintures, dessins, estampes, sculptures et installations, cette première grande exposition rétrospective de Beatriz González en Europe, permettra de découvrir un ensemble d’environ 130 œuvres réalisées entre 1965 et 2017. Visuel :
Beatriz González | Exposition rétrospective 1965–2017
