Anne-Lise Broyer | Elle est ravissante

Anne Lise Broyer

« Anne-Lise Broyer propose avec Elle est ravissante une version  “scénographiée” de la mort de l’écrivaine Laure (1903-1938), de son vrai nom Colette Peignot, la compagne de l’écrivain Georges Bataille (1897-1962) de 1934 jusqu’à sa mort. Ce passage dans l’inconnu, toujours difficile mais aussi quelques fois libérateur, prend la forme d’une ode poétique écrite en trois strophes libres composées, ici, de deux photographies et d’une sculpture. Malgré l’éventuelle tristesse du thème, les images travaillées par l’artiste nous abandonnent dans une réalité adoucie par le choix des teintes d’or. La photo qui montre la tombe de Laure envahie par les mauvaises herbes devient le sol, un tapis de dorure, puis celle qui matérialise sa mort par l’écrit de Georges Bataille devient portrait. Un portrait qui capte les reflets dorés à l’instar de la rose déposée là, par l’artiste, en hommage à Laure. Il s’agit d’une sculpture composite due à la greffe d’une rose naturelle séchée, et de quelques pétales et feuilles tissés en dentelle aux fuseaux par l’artiste Mylène Salvador-Ros dont la technique hors norme a permis de “mêler” des fils de soie et de nylon avec des cheveux naturels, en l'occurrence ceux de l’artiste, qui apparaissent telles une offrande, une matière vivante, une humanité. Cet hymne à Laure, ayant eu une vie ni simple, ni facile, mais plutôt complexe, se remplit de lumière et de douceur avec cette rose qui, si elle est amenée à disparaître en pâlissant et en se délitant, laisse, avec ses quelques pièces faites de dentelle, la trace réelle de la pérennité. La fleur devient modèle, devient personnage puisqu’elle propose un dialogue, un échange, un don, un cadeau comme celui fait par Georges Bataille à Laure : une rose “couleur d’automne” qu’il venait de trouver dans le jardin en friche. » Yves Sabourin, commissaire de l’exposition.