Alexia Monduit | Into my song II, Mother, Mother Why ?

« Ne demande jamais ton chemin a quelqu’un qui le connaît. Tu risquerais de ne pas te perdre. » Cette parole de rabbin, extraite du “Dibbouk”, texte qu’Alexia Monduit a joué et mis en scène lorsqu’elle était comédienne, inspire la démarche de la photographe qu’elle est devenue et celle de son exposition à la galerie Polka. "Into my song II" est une pièce lacunaire sans continuité, ni développement. Elle est l’enregistrement d’une angoisse solitaire dans un musée de l’horreur où s’entrecroisent le lien à la mère et le lien à l’Histoire. J’ai fait ce travail comme une raison d’être suite au deuil de ma seconde mère. C’était comme écrire l’épitaphe d’un lien. S’aventurer dans un vide et accepter ce à quoi il me renvoyait. Le lieu réel de ce deuil c’était Birkenau. « Birkenau était dedans maman» et je devais voir, aller au lieu. Toutes les photographies sont coupées en 4. L’image n’a plus de centre. La photographie apparaît comme dans l’éclat d’un coup de hache. Il n’y a pas de point de fuite. La coupure était là, une condition nécessaire pour que ces photographient voient le jour. La série commence donc par 3 photographies évoquant des sortes de convulsions corporelles. On pense au geste de l’haltérophile. Elles sont placées sous 3 photographies des bois de Birkenau et semblent en porter le poids. Avec le recul, je pense qu’il y a dans cette série une urgence. Volonté de dire de quoi est fait ce deuil qui me fait face. C’est comme un corps à ouvrir, ce deuil. Alors je l’ouvre pour éviter l’anesthésie neutralisante de la peine. Il s’agit pour moi de voir ce qu’il y a à l’intérieur. C’est avant tout une façon d’accepter un héritage qui m’a été transmis.» Alexia Monduit. Visuel : Alexia Monduit, Into My Song II. Lethe, Poland, 2015. Tirages pigmentaires sur papier japonais artisanal Washi.