Les installations sonores de Luc Schuhmacher emmènent le spectateur dans un voyage à travers les méandres de son processus créatif. Une dizaine d'œuvres récentes sont exposées le long d'un parcours précis pensé par l'artiste qui explique : « Vingt minutes : c'est le temps qu'il faut pour parcourir l'exposition. Plus bas que terre : c'est le nom de l'exposition. C'est aussi le nom d'une pièce : plusieurs séries de dessins sur enveloppes et un enregistrement, où, pendant 3.46 mn, ma voix relate une bribe d'un cauchemar qui a duré 10 jours et 10 nuits. (...) Plus bas que terre. Le désespoir. Trou béant dans lequel je chute, les pensées qui ne s'arrêtent plus, qui me persécutent, l'angoisse si intense qu'elle me vide le corps. Me planter un couteau aiguisé dans le ventre. Me brûler vif. Me pendre. Que ça s'arrête. Aveugle, courbé, utilisant mes mains pour me repérer, je marche dans mon appartement. Les lattes de bois de mon lit, la table de la cuisine sont mes seuls secours. Je les touche, plus bas que terre. Je ne peux plus respirer. Les autres me rotent à la gueule, ils me crachent dessus. J'affronte leurs regards. Je vois leurs orbites dégoulinants, sans globe oculaire et leurs dents pourries. Les prochaines minutes sont impossibles à vivre. (...) A l'écoute des enregistrements, ce qui est à voir gagne en sens. Ma voix refait le moment passé. Quelque chose se rejoue dans « l'après coup », probablement parce que dans l'instant vécu, je n'ai pas su réagir. Par ces dispositifs, chaque histoire est rejouée tant qu'on les actionne. Exposer mon travail, c'est faire en sorte que ça se rejoue. » Visuel : © Luc Schuhmacher.