Delphine Reist & Laurent Faulon | Flux tendu

C’est la particularité des vestiges architecturaux des abattoirs de la ville de Nice (et qui abrite aujourd'hui La Station un lieu d’art, de production et de diffusion), qui est le fil conducteur de l’exposition Flux tendu. Celle-ci rassemble un ensemble d’œuvres, en partie crées pour l’occasion, qui sont suspendues par des chaînes métalliques fixées à des crochets mobiles pouvant coulisser sur les rails utilisés pour les carcasses de viande. Les œuvres sont placées dans les espaces non pas en fonction des cloisons qui les délimitent, mais selon la logique de circulation qui prévalait avant la rénovation. L'exposition fait écho aux flux qui régissent nos existences et notre planète. La capacité de mouvement est devenue une nécessité, une injonction ou une question de survie : travail flexible, délocalisations, migrations, speed trading n’en sont que quelques exemples. Les utopies émancipatrices ont pris du bide. L’héritage libertaire se réduit à l’individualisme consumériste dont la seule libération efficiente est celle des désirs qui ont pu être canalisés en pulsions d’achat. La majorité des richesses qui se sont créées est devenue immatérielle et circule instantanément de part le monde. De puissants algorithmes ont pris le contrôle de nos vies en les résumant à des ensembles de données « googlelisables ». Nos aspirations, connectées et géo-localisables, sont immédiatement converties en informations monnayables et doivent pouvoir s’assouvir en un clic.