L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau, d’Oliver Sacks, décrit un cas pathologique : le docteur P. est incapable de voir les choses dans leur globalité et de les identifier. Son regard circule et se pose sur chaque détail d’un objet, d’un visage sans jamais pouvoir les relier entre eux, se retrouvant « visuellement perdu dans un monde d’abstractions inertes ». Camille Llobet voit dans ce type de modification du regard une approche particulièrement féconde pour interroger le réel et sa perception. Elle se l’approprie comme une posture impliquant une série de gestes et d’expérimentations : description, transcription, codage, fragmentation, agrandissement, etc. C’est ainsi qu’elle explore la perception de la parole et du mouvement par le biais d’expériences mettant en jeu et à l’épreuve différents aspects du « corps parlant » et du « corps filmant », à l’instar de Robert Bresson qui cherchait par une répétition excessive de ses acteurs, un automatisme plus proche de la vie réelle que de sa représentation. (Le 3 bis f est fermé du 6 au 14 février). Visuel : Voir ce qui est dit (extrait), Camille Llobet.
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