Frédéric Arditi | Lux interior

A la surface des bois gravés, on voit : des corps décapités, des boulons en bouquets suspendus, des moteurs entés sur des ménagères anonymes, des Christs surgissant dans l’encadrement d’une fenêtre, des claviers d’ordinateurs ou des téléphones esseulés, des scènes de coïts crues… Souvent les motifs, tels des thèmes musicaux, se répètent dans la même œuvre, comme des échos auxquels ne répond aucun Narcisse. Car si les "tableaux" de Frédéric Arditi reflètent ostensiblement le monde et son actualité, ce sont aussi des miroirs sans visage, sans image d’un « soi » bien identifié. La figure humaine semble d’emblée ici éclatée, pulvérisée par la violence quotidienne du réel, le pouvoir aliénant de la technologie, la jouissance impersonnelle du sexe… L'artiste donne à voir ces forces qui, selon l’expression d’Yves Bonnefoy, "à la fois nous composent et nous déchirent". Au ras des sensations et du corporel, des rythmes et des perceptions, du bruit de fond du monde et des greffes monstrueuses entre l’homme et la machine. Visuel : Lux Interior 2014.