« De la liberté à l’exode. J’ai entamé un travail sur la perception de la liberté voilà plusieurs années en m’intéressant au départ à l’idée de processus continu (et non au sentiment de liberté qui définit un état à un moment T). Ce projet visuel cherchait notamment à opposer ceux qui vivaient réellement l’événement et sa violence, à ceux qui y assistaient en différé à plusieurs milliers de kilomètres et dans un grand confort. Pour établir ces parallèles, j’ai travaillé avec de grands reporters de guerre (Patrick Chauvel, Camille Lepage…) ou me suis imprégné de leurs reportages écrits, oraux et photographiques (Rémi Ochlik, Olivier Voisin, Margaux Berguey, Dimitris Michalakis, Alkis Konstantinidis…) pour confronter la réalité de ces deux mondes. Ce travail m’a amené à aborder le conflit israélo-palestinien, le printemps arabe et surtout la guerre en Syrie, avant que celle-ci ne devienne une préoccupation internationale. Cependant, au fil de mes expositions, est apparue une constante : l’exode. Cette fuite pour échapper à la mort est devenue un véritable questionnement en plus de ce que représentait la liberté. J’ai donc tenté à travers une série de toiles de retracer ce périple avant de m’attarder sur l’une des plus périlleuses et redoutées d’entre elles : la traversée de la Méditerranée. Une traversée que certains font sur des canots pneumatiques pour enfant, d’autres sur des chambres à air de roue de tracteur ou encore d’autres, sur des bateaux délabrés et sans moteur… Mais bien souvent sans savoir même nager. S’il nous est impossible de ressentir la joie d’un homme qui met pied à terre du bon côté de la Méditerranée après tant de peur éprouvée, il nous reste encore la possibilité des contrastes ; entre ceux qui trouvent normal d’être là et ceux qui mesurent la chance d’y être parvenus. » Thibault Laget-Ro. L’exposition est placée sous le commissariat de Nathalie Béreau. Visuel : Les autruches, Thibault Laget-Ro, 2016.
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