Stohead | Recomposition

Christoph Hassler, alias Stohead, est de ces artistes pour qui la peinture est une recherche constante. À ses tout débuts, il y a de cela 27 ans, il a, en découvrant le graffiti, été saisi par une dimension particulière de cette pratique : le writing. C’est-à-dire le tag, le versant calligraphique du graffiti. La manière de représenter la lettre d’un trait et de faire s’enchaîner les caractères les uns après les autres. Et les initiés le savent : c’est souvent à sa façon de tagguer que l’on reconnait un bon graffeur. L’inspiration, le mouvement, l’énergie, la cohérence, tout cela fait la beauté du tag, souvent illisible, et dont la dimension créative échappe totalement aux néophytes qui ne trouvent le graffiti artistique que quand il est «joli». Car oui, le tag peut être agressif. C’est une signature rapidement laissée sur un coin de mur qui n’a d’autre objet que de marquer le passage de son auteur. Et il ne s’adresse qu’à ses pairs. Le public n’est pas invité à le déchiffrer, ni à l’aimer. Ce tag, pourtant, mène bien souvent ses adeptes à la calligraphie. Fascinés par les multiples - infinies - possibilités de représentation d’une seule lettre grâce à un ou plusieurs traits, le taggueur, à force de recherches techniques, peut devenir fin calligraphe. Tout comme le graffeur n’est pas automatiquement peintre, le taggueur n’est pas forcément calligraphe. Et sans travail, le talent seul ne suffit pas à le devenir. Tout cela, Stohead l’a bien compris et appris au long de son parcours. N’abandonnant jamais le taggueur/ graffeur qui est en lui, il a rapidement décidé de transposer son univers calligraphique sur toile allant jusqu’à partager la paternité du terme «Calligraffiti» avec un autre graffeur émérite : le Hollandais «Shoe». Cependant, à la différence de ce dernier - et à la différence de la majorité des artistes issus du graffiti et pratiquant la calligraphie sur toile - Stohead s’est vite lassé de la dimension égocentrée du writing, préférant lâcher sur ses toiles des morceaux de phrases issues de chansons, des citations tirées de livres ou de films. Parfois même un unique mot pouvait être représenté sur l’œuvre, écrit une seule ou plusieurs fois. Au cours de ses premières recherches, Stohead basait son travail calligraphique sur l’impact des mots, mais également sur le fort effet visuel provoqué par le contraste entre un fond uni, en aplat, sombre ou coloré, et une écriture tranchante, vive, mouvementée, réalisée grâce à des coloris totalement différents du fond. Tons chauds et froids, noirs et blancs, traits très épais et dégoulinants exécutés grâce à des outils spécialement créés par l’artiste saturant de peinture une toile au fond si «calme»... L’impact, toujours. Visuel : My Ego Is Bigger Than Yours, acrylique sur toile, (162 x 162 cm), 2017.