Patrik Pion | La perte du bonheur

La pratique artistique de Patrik Pion allie sculptures, photographies, dessins, sons et vidéos dans un ensemble cohérent où chaque medium utilisé dialogue, reproduit, répond et s’accorde dans une profonde et sourde mise en abîme. Ayant travaillé en duo avec l’artiste Paule Combey jusqu’en 2013 sous le nom de CombeyPion, il poursuit aujourd’hui sa recherche en développant de nouvelles expérimentations. Nourries à la fois de psychanalyse, de philosophie, de musique électro-acoustique, des avant-gardes allemandes (expressionniste) et russes (constructiviste), les œuvres de Patrik Pion apparaissent telles des doubles, des images mnémoniques ne visant nullement à représenter le réel. Alors que ses recherches se concentrent sur la manière dont la psyché se construit à partir de ce réel, c’est davantage la représentation de cette construction qui est en jeu dans ses créations. Parmi elles se trouvent des « objets blancs », objets du quotidien (presse-orange, chaussures, brosse à dents, lampe torche, pistolet, seringue...), objets-sculptures réalisés en papier journal vierge et agrafé. Si leur échelle disproportionnée leur donne une apparence burlesque rappelant les sculptures de Claes Oldenburg et Coosje Van Bruggen, l’austérité de leur blancheur les écarte de facto d’une tentative de fascination de l’objet manufacturé tel que développé par le Pop Art et ses corollaires. Sans chercher à représenter ou reproduire, ces objets sont des doubles imparfaits, réalisés de mémoire. Parce qu’ils apparaissent comme des souvenirs, des photographies de l’esprit, des traces fantomatiques, ils ne figurent pas l’objet en tant que tel mais invitent à l’introspection, à une plongée dans la psyché individuelle ou collective, dont l’ensemble constitue l’inconscient de notre monde. Visuel > Patrik Pion, Le Fer à repasser, 2017, papier journal vierge, agrafes, 63 x 29 x 35 cm. Vue de l’exposition La perte du bonheur de Patrik Pion, la synagogue de Delme, 2022. Photo : OH Dancy.