Pour cette nouvelle série, présentée chez Templon à Paris Norbert Bisky campe des adolescents graves perdus au milieu de paysages paradisiaques. Comme il l’explique : « De nouvelles générations sont sorties de la pandémie emplies d’espoir et d’idées pour rendre ce monde meilleur. Ce sont ces « héros » en demi-teinte, ces visionnaires ambigus que je place au cœur de cette exposition : quel est l’avenir de ces idéalistes qui se dédient corps et âme à parfaire nos sociétés sans réaliser qu’en agissant ainsi, ils la mènent possiblement à sa perte ? ». Chacune des toiles agit comme une métaphore des traumas et des incertitudes de notre époque. Elles proposent une interprétation ambiguë du monde, partagée entre optimisme et désenchantement.
La dernière exposition de Norbert Bisky à Paris, inaugurée la veille du premier confinement en mars 2020, avait dû refermer ses portes à peine ouverte. De cette frustration est née « Utopianistas », une exposition parisienne post-pandémique et énergique qui propose de relire le concept d’Utopie développé par Thomas Moore. Né en 1970 à Leipzig en RDA, Norbert Bisky, dont le père était un éminent membre du parti communiste, explore depuis longtemps la notion d’utopie politique, ses ambiguïtés pratiques et le poids de l’idéologie. C’est avec la chute du mur et la découverte de l’Ouest qu’il avait choisi d’embrasser la carrière d’artiste. De cette rupture, à la fois historique et intime, il a tiré une pratique picturale jubilatoire et engagée. Ses toiles à l’huile, aux couleurs chatoyantes parfois jusqu’à l’insoutenable, empruntent autant au réalisme socialiste de son enfance, qu’aux codes de l’hédonisme contemporain. Il fait le portrait d’une jeunesse magnifiée mais désœuvrée, souvent jetée dans toutes sortes de scènes catastrophe.
Visuel >Norbert Bisky, Lightning Field, 2022 Huile sur papier, 30 x 40 cm.
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