Mist | Free Will

Mist est un artiste prolifique, son œuvre est importante, mais la textualiser n’est pas une mince affaire. Pour une bonne et simple raison : les tableaux de l'artiste parlent par eux-mêmes, pour eux-mêmes. La couleur, l’énergie, la force qui les caractérisent sont autant d’éléments visuels qui viennent nous sauter à la figure lorsque l’on se trouve face à l’une de ses œuvres ; qu’elle soit murale, peinte sur toile ou réalisée en trois dimensions. Nous voilà alors débarrassés du superflu, arrivés à ce qui fait l’essence de l’art abstrait : le sentiment d’entrer dans un univers et de pouvoir y projeter ses propres états d’âmes, les interpréter en fonction de ce que l’artiste nous propose comme combinaison de formes et de couleurs. La fascination même, quand on se demande comment cet ensemble de formes et de couleurs peut à ce point nous transporter et nous faire ressentir « quelque chose » ; quelle que soit, au fond, la nature de cette chose. D’ailleurs, pour Kandinsky, créer une œuvre n’est-ce pas créer un monde dans lequel les couleurs et les formes ont des valeurs expressives ? Quels mots faut-il pour apprécier ces valeurs ? Et Miró – le Catalan international ! - n’était-il pas adepte de l’idée selon laquelle le tableau doit être fécond, en cela qu’il doive faire naître un monde ? Si l’on était prétentieux, on pourrait dire que Mist c’est Kandinsky ou Miró ; la force du graffiti en plus. Et l’intelligence de le développer sur toile en arrivant à faire disparaître ce qui en constitue la base : le lettrage. Bien que présent, ce lettrage est pourtant dissimulé. Rendu complétement abstrait pour qu’il n’en reste, encore une fois, que le fond : l’énergie. Jonathan Roze