Miriam Cahn | Devoir-aimer

Très marquée par les conflits des années 1990 en ex-Yougoslavie, Miriam Cahn poursuit ici son regard sur la violence des conflits liés à la guerre; et en particulier de celle qui secoue le Moyen-Orient et la Syrie. L’accrochage de ses peintures témoigne de la profusion des images que l’on reçoit des conflits, de la médiatisation de la guerre et des questions que suscite l’afflux de réfugiés en Europe, et des débats réguliers que cela occasionne. Le travail de l'artiste peut même parfois évoquer certaines opérations militaires et humanitaires qui n’ont pas bénéficié de moyens suffisants pour être mis en place. Ce sont des silhouettes qui fuient, des visages effrayés qui se retournent, pour voir une dernière fois ce qu’ils laissent derrière eux; des corps amputés, qui peuvent évoquer, même de manière lointaine, une statuaire antique classique; des femmes voilées dont le corps dénudé est offert à tous les regards, témoignage d’une extrême vulnérabilité. Miriam Cahn choisit de porter à notre regard ces visages esquissés de façon rudimentaire et primitive, ces regards apeurés, hallucinés, choqués, figés, ces corps statiques ou en mouvement, silhouettes fantomatiques et égarées. Les peintures sont accrochées au mur à hauteur de vue, comme dans un plan cinématographique où le spectateur est happé par l’écran; le visiteur se trouve par ce biais en confrontation directe avec le regard des personnages. Les couleurs sont tantôt vives, tantôt pâles, presque absentes comme dans la grande toile Desaster où la lumière est si forte que les couleurs paraissent blanchies. Visuel : Herumlaufen, 2016, (170 X 200 cm).