Marion Dubier-Clark | From Tokyo to Kyoto

« 2000. Auprès de son compagnon musicien et photographe, Marion Dubier-Clark découvre le film Polaroid SX 70, un procédé déjà ancien, dont on annonce même la disparition. Une formation courte à l’école Efet conforte quelques bases, suffisantes pour satisfaire un appétit d’images et de voyages. C’est d’abord les Etats-Unis, lieux d’une enfance pas si lointaine, revisités en deux séjours, aux mois d’octobre 2005 et 2006, à New York puis à San Francisco. Avec ses images en format carré et au développement instantané, elle retrouve cette Amérique porteuse de rêves, généreuse en étonnements. Le spectacle offert au carrefour des villes et à longueurs de routes suscite une vision singulière, alternant sans prévenir la vue d’ensemble et le détail, laissant surgir ici un instantané de street photography, là un portrait consenti. D’autres voyages suivront, en même temps que se construit une œuvre faite de tirages fine art exécutés à partir des épreuves Polaroids ou des fichiers numériques qui s’y sont substitués, comme autant de supports intéressants et commodes. Cette liberté-là, l'artiste a su en faire profit dans ses grands travaux d’investigation sur l’enfance et l’adolescence, sur les relations intergénérationnelles, largement publiés dans la presse. Découvert au printemps 2016 entre Tokyo, Matsumoto, Takayama, Kanazawa, Osaka et Kyoto, pour les villes, Naoshima et Teshima pour les îles, le Japon devait à son tour offrir un vaste espace d’inspirations sur les veines de l’abstraction, de la nature, de l’héritage et de l’humain. Aussi éloignée de la rigueur documentaire que de la ligne du road movie, contournant l’opposition tradition/modernité dont l’étonnement sature la perception occidentale, elle protège la licence poétique de ses vues isolées, la portée évocatrice de ses pièces uniques pour livrer sa vision personnelle de promeneuse inspirée. Du Polaroid abandonné pour cause de rupture de production, le Fuji numérique conserve le format carré qui sied plutôt bien à ce territoire d’équilibre photographié dans la perfection des cadrages, signes pris aux messages publicitaires, silhouettes volées au trottoir des rues, formes empruntées à la vie quotidienne ou au sacré, et à la nature apprivoisée, ses arborescences et ses floraisons. En même temps qu’elle affine le style d’une artiste attentive à ses partis pris esthétiques, Marion Dubier-Clark propose du Japon une évocation esthétique et sensible, elle partage un exotisme élégant comme une calligraphie, sobre comme un jardin de pierre.» Visuel : Tokyo wires, 2016 © Marion Dubier-Clark.