"Peindre des paysages, aujourd’hui, ne peut s’envisager sans la conscience de l’incongruité et de l’inactualité d’un tel sujet. Peindre des paysages ne peut se départir de la conviction qu’un tel sujet – historiquement épuisé – puisse être encore abordé, surtout si l’on garde à l’esprit une banalité qu’il est toujours bon de rappeler, à savoir qu’une peinture est d’abord le récit d’un regard posé sur quelque chose : la peinture raconte la manière dont le regard du peintre s’est posé sur son sujet avant de le déposer sur son support. Ce que nous voyons des paysages de Marina Rheingantz ne sont pas les paysages eux-mêmes mais un regard singulier porté sur ces étendues, la façon dont elle les voit avec la mémoire, dans le feuilletage de plans et de motifs, les plongées aériennes d’étendues sans horizon parsemées de motifs en suspension, d’agglomérats de lumière, de poussières, de phosphènes, de nuées d’éphémères microscopiques, pailletées de particules de réel figées en apparence et pourtant toujours mouvantes. Le regard est mis aux arrêts, stoppé dans son arpentage par la résistance de la peinture, par la compacité de sa surface, par la trame de motifs et de signes qui en parsèment les aires et s’y superposent comme des filtres ajourés." Jean-Charles Vergne.
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