Lou Ros | Quelques-uns, Quelques-unes !

Chez Lou Ros, les œuvres arrivent toujours spontanément, comme mues par une force vive. Le temps de la peinture doit être celui d’un one shot. Le peintre dirait sûrement que c’est ainsi que les images surgissent de l’inconscient : violentes, rapides, irrévérencieuses. Et surtout, sans discours. C’est le propre de la modernité, cette suppression du récit, cette crise du Verbe. Lou Ros l'est définitivement car « l’image substantifie quand le texte ne sait que mettre en scène la substance évoquée. L’image est déjà de la chair. Elle est comme telle ce qui permet l’économie du récit » (Paul Ardenne, Extrêmes esthétiques de la limite dépassée, Paris, Flammarion, 2006). Cette dimension de la chair est bel et bien une constante dans le travail de l’artiste qui, d’une certaine manière, dissèque les corps. Disséquer, de son origine latine dissecare, c’est-à-dire « voir par le dedans ». L'artiste laisse surgir et offre au regard ce qui en somme est généralement contraint, contenu, caché dans les plis du corps ou sous les couches de peintures. Le pastel, le croquis et l’esquisse sont tout à la fois l’épiderme et la chair de l’œuvre. Puis il y a ces zones de blanc, de toile nue, hypnotiques. Ces lieux où l’absence d’image interroge d’abord, puis méduse et capte le regard. Ces espaces ne sont pas ceux du néant, plutôt des zones frontières, celles du passage d’armes. Des espaces destinés à être emplis par le spectateur… Visuel : 2017, Acrylique, huile et pastel sur toile marouflée sur bois, (50 x 40 cm).