Jérémy Demester | FTW

« La sculpture de l’hermite est la source de l’exposition FTW. Vagabond vêtu d’un drap élimé, aveugle de ses yeux humains, il a élu domicile dans une amphore, il vit au jour le jour. Il est Diogène de Sinope. Indiférent aux conventions sociales, il discourt, mange et se masturbe en place publique. Le jour, sa lampe allumée, il marche dans toute la ville en quête d’un humain. “Je cherche un homme”, répète-t-il en s’approchant de chaque inconnu. L’hermite FTW #6 est toujours armé ; son fusil est sa canne. Les trois lettres qu’il surplombe – FTW – énoncent une énigme qui traverse chacun des sept tableaux. Elle est mise à l’épreuve dans toute l’exposition. La colline est embrasée. Un dernier arbre résiste. Son tronc incandescent retient l’abîme alors que sa cime appelle l’abstraction des formes (FTW #1). Ruth, mère de mille fils, pleure ses futurs orphelins. Elle est la figure se trouvant au milieu des blés dans le poème de John Keats Ode to a Nightingale (FTW #2). L’arche de pierre est un seuil de métal. Symbole d’une croissance vorace de la technique, elle est pourtant le lieu où naîtra aussi ce qui sauve (FTW #3). Dans la demeure de l’hermite, au fond de l’amphore, s’ouvre le retable, théâtre de rythmes et de gestes (FTW #4). A la verticale des bouleaux blancs, la découpe des peupliers suggère un monde de lave, un futur possible où l’humain n’aura plus sa place (FTW #5 et FTW #8). Divinité nouvelle, sans pitié, il ne sert personne. Il est le tueur des mondes (FTW #7). » Jérémy Demester. Visuel : FTW #1 (détail), Jérémy Demester, 2018.