Au premier regard, la facture des dessins de Jana Gunstheimer est classique. Mais c’est sans compter sur les histoires inventées et prétendues réelles… Les sources d’inspiration de cette artiste, qui a étudié l’histoire de l’art, sont bien les reproductions issues de livres qu’elle consulte à l’université. Elle les photographie, puis les reproduit dans son atelier, sans pour autant utiliser la projection. L'artiste s’est parfois mise dans la peau d’une journaliste, nouant un lien étroit entre l’écrit et la réalisation plastique. Aujourd’hui encore, elle convoque chaque sujet tel un problème à résoudre qu’elle se doit d’analyser selon différents points de vue. Ce temps passé devant l’image est d’ailleurs primordial car il lui permet d’interroger son statut. L’image n’est-elle qu’illustration ou fait-elle toujours référence à la fenêtre d’Alberti, en tant que miroir du monde ? Oui, pour certaines scènes choisies par Jana Gunstheimer. Dans ses œuvres, autant que dans ses accrochages, elle crée le trouble tout en incorporant une relation performative au dessin. Ainsi, après une réalisation minutieuse, elle pourra se mettre, de manière instinctive, à les lacérer. Ayant même réalisé une série qui se nomme Methods of Destruction, elle y simule des impacts de balles qui endommageraient une partie de la feuille, notamment sur Goya ou Caravage. Mais que détruit-elle ? L’histoire de l’art, l’image, ou sa signification? Pour elle, il s’agit d’augmenter son pouvoir sur l’œuvre, tout comme lorsqu’elle la quadrille ou la recouvre d’un carré blanc, sans faire aucunement référence aux différentes abstractions de l’histoire de l’art. L’image est considérée comme une personne jouant un rôle réactif par rapport à son spectateur et Jana Gunstheimer invoque son pouvoir physique, au sein de sa réalité fictionnelle.
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