Dessiner et peindre comme réponse à la barbarie. Donner à voir les pertes humaines (un demi million de mort en Syrie), destructions de villes (Alep, Mossoul...), saccages de sites archéologiques (Palmyre, Hatra, Nimrud...). Comment représenter ce que l’on peut difficilement narrer. Dépasser son étonnement et la fascination que peuvent provoquer les images de destruction. Devenir curieuse de cette culture que l’on tente d’éradiquer. Se la réapproprier et la réanimer, la réactiver au plus vite. Être un témoin attentif de son époque, refuser la passivité infligée par le flux permanent des images virtuelles. Découvrir ou redécouvrir les collections (de Berlin, Bruxelles, Londres, Paris, Bâle), les livres (le Parrot), apprendre pour faire face. Ne pas être le miroir de la violence répandue, cette violence qui ne demande qu’à prendre du terrain. Suppléer aux limites du photo reportage. Investir la peinture et le dessin pour palier à la trop grande efficacité de la photographie. Donner à voir la violence des conflits en Syrie sans utiliser les codes de représentation efficients propre à la violence. Déjouer la puissance des images véhiculées par les nations, pays, groupes en conflits. Créer, recréer pour lutter contre les pillages et destructions des sites archéologiques, des œuvres d’arts désormais bannies. Nourrir les formes issues du berceau de l’humanité, les transformer les donner de nouveau à voir pour empêcher qu’elles ne disparaissent des consciences. Donner souffle de vie à des formes ancestrales, des artéfacts détruits par l’organisation État islamique (EI) tels que les divinités Humbaba, Abu bint deimun, Ishtar. Ne pas accepter la destruction des idoles en s’octroyant ce pouvoir salvateur de reconstruire des figures qui n’ont plus le droit à leur quiétude, à leur immortalité, éternité. La peinture, le dessin ne triomphe pas des ruines mais réévaluent leurs présence dans nos yeux et notre mémoire. Les différentes séries, Vestiges, Souches, au Bon souvenir, Champs de batailles sont autant de propositions pour réanimer la mémoire collective et la vie. L’œuvre repousse la mort qui s’étale dans l’indifférence. Iris Levasseur, juin 2017. Visuel : Amnésie FB, (228 cm x 350 cm), 2013.
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