Guillaume Linard-Osorio | Les Courants Parallèles

« L'exposition regroupe une série inédite de dix tableaux, terrain d’une plasticité nouvelle chez l’artiste. La pratique de Guillaume Linard-Osorio fait état d'une poétique déconstructionniste, au sens d'une œuvre qui vise à atteindre non pas la linéarité mais une forme plastique du changement d’état, de la transposition, du processuel - un point cardinal de la sensibilité postmoderne résidant dans un engouement pour un paysage mental discontinuiste plus sensible aux perturbations, à l’inattendu, qu’à l’ordre ou l’unité. Après une formation d’architecte, Guillaume Linard-Osorio s’intéresse au médium brut dans sa forme et sa fonction, au processus, à la mutation de la matière, de son degré zéro à une possible narrativité. L’acte de déconstruction, la tentative, l’essai conduisent sa pratique vers un dépouillement, à des formes libérées de toute fonctionnalité, en attente de possible. Pour ce corpus, Guillaume Linard-Osorio part d’un matériau nouveau, le polycarbonate (premier matériau de synthèse qu’il utilise), et d’un format pressenti, celui de la fenêtre, clé de voûte de tout principe d’habitation. Il combine dans cette occurrence une recherche sur l’essence même de ce qui constitue la peinture : le champ et le hors champ, le châssis dans sa plasticité, le geste, la durée, etc. (...) Si l’œuvre est la transmutation d’un temps en espace, lui aussi habitable, les peintures de Guillaume Linard-Osorio construites du matériau de chantier le plus pauvre mettent en image le rythme respiratoire et sa charge vitale sensible. Les oeuvres nous parlent aussi d’un autre horizon, celui du post-digital (les vert et bleu des paysages renvoient aux agencements de Microsoft, la trame à la diffraction de l’image numérique et à la pixellisation). (...) Si la peinture est le lieu où se scellent l’ici et le maintenant, elle nous raconte aussi le temps de la métamorphose et celui, disparu, d’une mémoire incertaine. Guillaume Linard-Osorio met en œuvre, littéralement, une iconographie de la résistance : ici forme, matière et couleur se trouvent contenues, portées, fortifiées par le vide. » Agnès Violeau, commissaire d’exposition. Visuel : Pièce signée Guillaume Linard-Osorio.