Inclassable ce Fabien Boitard. Peintre au-delà de la peinture, artiste de son temps, chroniqueur de nos émerveillements et de nos angoisses, critique d'un monde submergé d'images, brutal et séduisant, appliqué et impulsif. Peut-être n'est-il que l'artiste de nos paradoxes ? Alors que pour beaucoup, la peinture a couvert tout le champ des possibles, Fabien Boitard, lui, prend le parti d'en faire le médium où tout est possible et dont les limites sont à jamais inaccessibles. D'où l'effet de surprise que nous ménage chacune de ses œuvres. Alors qu'il excelle aussi bien dans l'art du paysage que dans celui du portrait, chaque "sujet" est victime d'un glissement, d'un décalage, d'un déplacement bouleversant tout le supposé équilibre du propos. Fortement imprégné par une nature que l'on imagine giboyeuse, son univers est aussi occupé par l'empreinte des hommes. L'artiste arpente les sous-bois et la peinture. Deux territoires qu'il foule à grandes enjambées et qui se superposent comme le font les différents plans de ses compositions. Deux vastes étendues qu'il explore vaillamment. La peinture avec sa longue histoire, la nature dans ses variations infinies. Et pour cela, il ne se refuse rien, ose tout, laissant fuser une énergie rageuse sur un travail de patience, plaçant un horizon à la verticale, faisant entrer l'absurde dans la belle ordonnance d'une composition. C'est avec les portraits qu'il se révèle incisif et politique. Mais toute son œuvre exprime la violence du monde, très subtilement, sans équivoque, et dénonce les absurdités de nos comportements. Et tout ça avec l'air de rien, sans arrogance ni volonté de convaincre, juste en étant peintre, pleinement, avec la part de rêve que cela implique. JM Collet. Visuel :
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