Côme Clérino | Et si on passait les meubles par la fenêtre ?

« L’espace urbain à transmutation rapide, où les murs se détériorent, les affiches se déchirent, les chantiers se démultiplient et se métamorphosent à mesure qu’ils avancent et laissent derrière eux les traces de la construction et les débris, qui érigent de nouveaux murs, est le décorum de nos déplacements quotidiens et de ceux de l’artiste : son nuancier d’inspirations favori. C’est toutes ces matières et tous ces changements que l’on retrouve dans les œuvres de l’artiste. Mousses, résines, plastiques et enduits, autant de matériaux aux propriétés antinomiques, comme autant de combinaisons avec lesquelles il compose et agence. Des combinaisons d’effets-matériaux-couleurs, directement empruntées dans la gamme de notre quotidien urbain. Côme Clérino est un artiste dont l’œuvre à la composition établie à partir de motifs/matières structurant.e.s, d’inspiration urbaines, où la picturalité couvrante de nos édifices se fait aussi matière porteuse et structurelle de son travail. Quelle est l’aspérité qui recouvre, la surface lisse qui homogénéise, la brèche dans la matière qui nous montre qu’un élément est solvable dans l’autre ou bien au contraire… Autant de petits combats de matières picturales amoureuses qui nourrissent immanquablement notre regard, de moins en moins attentif à la beauté de ce qui recouvre les surfaces de nos villes et les changements qui s’y opèrent. (...) Dans un jeu de matières extérieures (crépis, émaux, enduis, etc.) qui viennent recouvrir des éléments d’intérieur, Côme poursuit ses recherches, continue de transposer la matière qui habille la ville sur des surfaces utilitaires de recouvrement : carrelages, linoleums, crépis, mais vient en plus cette fois-ci les appliquer en habillage sur un mobilier utilisable. Indices d’un souvenir de texture remis au gout du jour ? Une sculpture d’usage ? Design ultime de l’artiste créateur ? Glissement de la pratique comme il semble en être la mouvance actuelle ? Lumière faite sur l’importance de la matière ? Autant de questions qui se posent et que pose Côme Clérino : Et si on jetait les meubles par la fenêtre ? et qu’on recommençait tout à zéro ? » Léo Marin, commissaire de l’exposition. Visuel : Fenêtre Un, Côme Clérino, 2019.