Christian Lhopital | L’œil extravagant – 40 ans de dessins

« Christian Lhopital procède le plus souvent par séries qui n’en sont pas moins sécables : variations autour d’une même figure, d’un même motif ou espace, mais aussi libre association de dessins disparatesréunis par les mots d’un titre. (…) Au fil des ans, l’artiste a développé en parallèle trois types d’espace, et donc de composition : un espace atmosphérique et indéterminé où la figure, quelle qu’elle soit, est en équilibre précaire, toujours à même de basculer ; une composition cinématique où se répète trois motifs sur trois registres différents, et enfin un espace “scénique” suggérant par quelques lignes hâtives les éléments d’un décor ou de coulisses mis en abîme. La perception induite par le premier, entre autres celle des dessins muraux, nous invite à l’immersion ; la seconde, cinématique, induit frénésie et mouvement débridé ; la troisième adopte le point de vue extérieur du spectateur face à l’agitation du monde. Depuis les premiers dessins au stylo bille des années soixante-dix jusqu’aux dernières aquarelles, sans oublier les sculptures d’animaux en peluche emprisonnés dans la peinture, la rétrospective des oeuvres de Christian Lhopital proposée par le 19, Crac fera dialoguer quarante ans de travaux. Non programmatiques mais constatées a posteriori, ces “cohérences” restent avant tout guidées par le regard “extravagant” et acéré de l’artiste, un vagabondage libertaire seul rendu possible par le dessin. “Plus je dessine, plus je suis libre”, dit-il. La virtuosité graphique de Christian Lhopital a souvent été soulignée mais elle ne compte que pour la formidable liberté de traitement qu’elle lui autorise, sur le fil de la joliesse et du mauvais goût, de l’illustratif et du fantastique, du pathétique et du burlesque. » Anne Giffon-Selle, historienne de l’art. Visuel : 2 à 3 gouttes de sauvagerie, 1999, graphite sur papier, 65x50cm, collection Ville de Vénissieux. @ Christian Lhopital