Arts visuels au Japon depuis 1970

Trente ans après « Le Japon des avant-gardes » au Centre Pompidou en 1986, le Centre Pompidou-Metz propose un panorama foisonnant et pluridisciplinaire de la scène artistique japonaise contemporaine. Cette manifestation ambitieuse revêt un nouveau format pour le Centre Pompidou-Metz, celui d’une « saison culturelle » (de l’automne 2017 au printemps 2018) pendant laquelle l’ensemble du bâtiment vivra à l’heure japonaise. Elle s’articule autour de deux grandes expositions qui bénéficient de prêts rares d’institutions japonaises et du soutien de la Japan Foundation. Tandis que la première exposition se consacre à l’architecture et à l’urbanisme japonais depuis 1945, (du 07.09.2017 au 08.01.2018) ; la seconde met à l’honneur les arts plastiques, la mode, les arts de la scène et la photographie. De nombreux artistes, dont Saburo Teshigawara ou Yasumasa Morimura, sont conviés pour une programmation de spectacles, concerts, rencontres et performances. Tiraillée entre un puissant héritage culturel et un discours national de modernisation, alternant des phases d'ouverture et de repli, l'évolution culturelle du Japon au début des années 1970 est marquée par des faits sociaux, politiques et naturels majeurs. La commissaire d’exposition Yuko Hasegawa revient sur ces décennies mouvementées pendant lesquelles le Japon oscille entre globalisation et affirmation de son identité. Dans les années 1980, l'identité culturelle japonaise évolue vers un futurisme post-moderne incarné qui s’illustre dans la mégalopole Tokyoïte et s’impose sur la scène internationale. L’hyperconsumérisme associé à l'économie spéculative de cette décennie, réunit à la fois « mainstream », pop culture et académisme. La culture japonaise des années 1980 place la subjectivité au cœur du débat sociétal. Puis les années 1990 voient l'éclosion de la culture dite « superflat » qui conjugue l’esthétique du pop art avec le kitsch de la culture kawai inspirée par les dessins animés et les mangas. Une jeune génération se met en quête de réalisme, rejetant tout symbolisme. Des artistes qualifiés de « néo-pop », tels que Takashi Murakami ou Yoshitomo Nara traduisent l'anxiété qui a suivi la fin de la bulle économique des années 80, à travers une imagerie liée à la pop culture, aux mangas et au spectacle. Ils délivrent un discours qui, au-delà de l'apparente clarté didactique de leurs œuvres, remet en cause le modèle sociopolitique et écologique du Japon. Dans les années 2000, la société voit peu à peu s’éroder la frontière entre sphères publique et intime. Les artistes s’approprient et participent de cette transformation. Le tsunami et la catastrophe nucléaire de Fukushima le 11 mars 2011 ouvrent une nouvelle page de l'histoire japonaise. Ces événements suscitent un engagement des artistes vis-à-vis de la société et les valeurs de solidarité prennent une nouvelle dimension. L’exposition explore cette odyssée culturelle à travers le motif de l’archipel, matérialisé par une scénographie de l'agence SANAA (Prix Pritzker 2010). Chaque îlot incarne une notion-clé de l’histoire de la création contemporaine japonaise, tels que « le post-humain », « le collectif », « la subjectivité ». La majorité des œuvres prêtées par des institutions japonaises sont présentées pour la première fois en Europe. Visuel : Chim Pom, Super rat.