André-Pierre Arnal

« Il faut se renouveler sans cesse, ne pas continuer de faire ce que l’on sait faire ! Il faut risquer tout le temps. Ce n’est pas toujours bon, mais il faut en passer par là. Après on rebondit. J’ai beaucoup travaillé mon intuition. Une vertu chamanique. Les chasseurs demandent au chamane : “Où est le gibier ?” et ce dernier indique la direction à suivre. La survie de la communauté dépend de cette capacité à traduire un certain nombre de données. Quand on crée, c’est pareil. L’intuition est une façon très intime de comprendre ce qui se passe autour de nous. C’est comme quand on voit quelqu’un dans le métro, ou ailleurs, et que l’on tente de deviner qui il est, ce qu’il fait… C’est une sorte de fiction en action. Je peux évidemment me tromper, mais beaucoup de signes peuvent être interprétés, même si ce n’est pas une science exacte. Il arrive parfois qu’un agrégé de philosophie ait une tête de mafieux ! C’est marrant. Il faut improviser et créer en même temps. Une autre chose très importante : la concentration. Elle permet de laisser s’exprimer ce que j’appelle notre patrimoine génétique. Je crois que tous nos ancêtres nous ont transmis une chose ou une autre. Quand je travaille, je suis surpris par certaines de mes idées. Ce patrimoine est en nous et nous ne savons pas forcément l’exploiter, le reconnaître, le ressentir. Une autre idée que j’aime est celle qui consiste à croire que, petit l’enfant, chacun revit tous les stades de l’humanité. Et puis, les oublie. Une thèse étayée par le test de la marche du nouveau-né ! Certains apprennent vite, comme Mozart. Un don particulier… peut-être une mémoire fabuleuse. » André-Pierre Arnal (février 2014). Visuel : Œuvre signée André-Pierre Arnal.