Sommerer & Mignonneau à Paris – Splendeurs et artifice

Titiller des insectes virtuels, frictionner des plantes réelles, éclairer des papillons numériques, voici ce qui vous attend à la galerie Charlot, à Paris ! Christa Sommerer & Laurent Mignonneau invitent à interagir avec des mondes fictionnels dont l’épanouissement dépend de l’implication du visiteur.

Christa Sommerer & Laurent Mignonneau
Phototropy, Christa Sommerer, Laurent Mignonneau, 1994.

Machine à écrire ou plante au bout des doigts, lampe électrique en main, le visiteur n’a d’autre choix que celui de participer ! Une habitude à la galerie Charlot, laquelle, pour la plus grande joie des amateurs d’art numérique, accueille actuellement Christa Sommerer & Laurent Mignonneau. Artistes et chercheurs reconnus au niveau international, tous deux sont des pionniers de l’art interactif. Elle a fait des études de botanique, d’anthropologie, puis de sculpture à Vienne, en Autriche. Lui est diplômé en art vidéo de l’Académie des beaux-arts d’Angoulême. Leur rencontre date de 1991. Un temps chercheurs dans différentes institutions au Japon, ils enseignent et dirigent désormais le département Cultures des interfaces à l’Université de l’art et du design industriel de Linz, en Autriche. Leur collaboration les a amenés à la création d’œuvres interactives, dont certaines ont été primées. Toutes déploient des interfaces intuitives et utilisent des technologies innovantes, développées notamment dans le cadre de recherches sur l’intelligence artificielle.

Christa Sommerer & Laurent Mignonneau
Eau de Jardin, Christa Sommerer, Laurent Mignonneau, 2004.

A l’entrée de l’exposition, une machine à écrire vintage, type Remington, déroule un bien singulier papier (photo d’ouverture). Installé sur une chaise, le regardeur-acteur est invité à taper un texte de son choix. A peine les lettres forment-elles des mots et des phrases, qu’elles se transforment en petites créatures artificielles. S’ensuit une danse frénétique dont l’objectif, pour elles, consiste à « avaler » le texte que vous pourriez encore inscrire sur le papier translucide. Une fois rassasiées et l’essai littéraire totalement avorté, les infâmes gobeuses de poésie peuvent à loisir s’accoupler et se multiplier jusqu’à noircir intégralement la feuille. Mais les mauvais joueurs peuvent avoir raison d’elles : pour cela, il leur suffira de les faire tomber du papier ou entrer dans la machine ! Plus paisible est l’installation Eau de Jardin. Des fougères et autres lierres s’épanouissent dans des pots suspendus face à la projection d’un jardin aquatique et virtuel. Bien entendu, il ne s’agit pas seulement de mettre en regard le naturel et l’artificiel. Si vous tendez la main et établissez le contact, alors se déploie, côté « fiction », l’alter ego numérique de la véritable plante. Il flotte et se reflète dans une eau imaginaire. Plus vous passerez de temps à apprivoiser le réel, plus l’artifice exhibera ses splendeurs. Au sous-sol, une torche électrique vous attend. N’hésitez pas à vous asseoir, l’exercice peut prendre un certain temps. Vous êtes prêts ? Braquez le faisceau sur le mur face à vous. De la nuit surgissent de superbes papillons. Ils ont vocation à se multiplier mais, pour cela, il vous faudra les éclairer sans les brûler. Bonne chance !

Contact

Jusqu’au 27 février à la Galerie Charlot, 47, rue Charlot, 75003, Paris, France.
Tél. : 01 42 76 02 67 www.galeriecharlot.com.

Crédits photos

image d’ouverture : Life writer © Christa Sommerer & Laurent Mignonneau – Eau de Jardin © Christa Sommerer & Laurent Mignonneau – Phototropy © Christa Sommerer & Laurent Mignonneau

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