La nuit des idées : devenir plus humains !

« Le devenir machinique constitue des formes d’humanité, mais implique aussi d’autres devenirs : animaux, végétaux, musicaux, mathématiques… », soulignait Félix Guattari dans ses propos tenus en 1991 dans la publication Qu’est-ce que l’écosophie ? Or c’est bien sous la forme interrogative qu’est posée la thématique de la 5e édition de la Nuit des idées, le 30 janvier au musée des arts et métiers à Paris ! Etre vivant : devenir machinique ? De 18h à une heure du matin, artistes, chercheurs, ingénieurs, et philosophes se mettent à table pour en débattre dans une tentative d’ouverture transdisciplinaire, tandis qu’une dizaine d’installations artistiques interactives ou immersives conçues pour la plupart dans le cadre de coopérations entre La Chaire arts & sciences de l’École Polytechnique, l’École des Arts Décoratifs (EnsAD-PSL) et la Fondation Daniel et Nina Carasso, sont réparties dans tout le bâtiment.

Le programme  est dense et il sera difficile de choisir entre les discussions  menées en parallèle en amphithéâtre ou en salle de conférences de 18h 30 à 22h 45  : entre Les robots parmi nous, Le robot, un collègue comme un autre ? ou encore Le robot, nouvel acteur public vient s’immiscer une question judicieuse  – « Monde de la tech », robotique et numérique : où sont les femmes ?-  quand on sait  combien elle furent pionnières dans le domaine du calcul et de l’informatique. Laurence Devillers, professeure en intelligence artificielle à l’université Paris-Sorbonne tentera d’y répondre. On notera notamment quelques interventions d’artistes-chercheurs parmi lesquelles,  dans la section en amphi, Des écrans et nos vies, celle d’Olivier Auber,  fondateur du  Générateur poïétique dont l’expérience pionnière d’art en réseau constitue les fondements de l’essai Anoptikon : une exploration de l’internet invisible : échapper à la main de Darwin (paru en 2019 Ed. FYP) et pour qui,  « Loin de devenir des machines, nous pouvons au contraire devenir plus humains » !  Dans une perspective  parallèle  surtout ne pas hésiter à s’introduire dans le centre de documentation où seront engagées de nombreuses conversations passionnantes sous le titre fédérateur Ecologie(s) des machines : créer des réseaux de lumières avec Jeanne Bloch, “tricotisser” à la recherche de  nouveaux paradigmes vestimentaires avec Jeanne Vicerial,  dessiner avec les machines d’Agathe Bokanowski, innover en Afrique avec Stéphan-Eloïse Gras… ou encore s’enquérir des savoirs sorciers avec Aniara Rodado.  Cette dernière, artiste-chercheuse, co-commissaire de l’exposition OU\/VERT à laquelle nous avons consacré un article récent, questionne du point de vue trans-féministe, et à partir du monde végétal, les crises écologiques actuelles à l’heure de la fétichisation techno-scientifique. Elle présentera en outre, avec Natalia Baudoin, artiste-doctorante SACRe à l’EnsAD , et Jean-Marc Chomaz membre fondateur du collectif art-science Labofactory, Transmutation de base, une installation olfactive dont les informations chimiques  amplifiées sont censées éveiller chez le spectateur,  des mémoires enfouies. Bien d’autres installations sensorielles sont encore à découvrir !  Ne pas manquer par ailleurs la projection de 22h45 à 23h45  en présence de ses réalisateurs ( Pierre Cassou-Noguès, Stéphane Degoutin et Gwenola Wagon) du  film Bienvenue à Erewhon ! réalisé à partir de contenus cherchés sur le net et d’une série de textes en hommage au visionnaire auteur d’anticipation J.G Ballard. Tandis que le festival les Utopiales de Nantes  proposera des lectures de textes à la bibliothèque, des séances de dédicaces convient le public à rencontrer les auteurs participants. On y retrouvera entre autre Olivier Cotte, scénariste de BD et directeur des effets spéciaux pour les longs métrages de Wenders ou Gavras intervenant dans le panel Science-fiction et transhumanisme, Demain, tous cyborgs ? Rendez-vous à minuit moins le quart : une performance dansée nous conduira par le grand escalier à l’église pour un concert d’Appolo noir, musicien électronique  à « l’univers machinique singulier et mystérieux », nous dit-ton ! Pour une programmation détaillée, cliquez ! De 18h  à 1h,  en entrée libre, au musée des Arts et Métiers,  292 rue St Martin, 75003 Paris.

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