Jacqueline Salmon | Le point aveugle

Cette exposition, dont le titre « le point aveugle » fait référence à la tâche de Mariotte (le seul endroit de la rétine qui ne voit pas), est l'aboutissement de la recherche inédite menée par la photographe et plasticienne Jacqueline Salmon sur un objet central et pourtant très absent de la recherche en Histoire de l'Art : le périzonium. Attaché à la figure du Christ, ce pagne est à la fois un voile de pudeur, un enjeu de représentation pour les artistes et une relique précieuse pour l’Église. Mais en retraçant les différentes manière dont il a été dessiné, peint ou sculpté au travers des siècles, il se révèle aussi être un formidable indicateur des mentalités artistiques et religieuses des sociétés occidentales face à la représentation du corps christique, à la fois humain et divin. De l'Allemagne gothique à l'Italie de la Renaissance en passant des Flandres à l'Espagne du Siècle d'or, l'imagerie du périzonium a été codifiée par la théologie, mais elle a aussi parfois subi l'influence des mode civiles – comme le subligaculum, sous-vêtement typique de l'Antiquité romaine – ou été inventée de toute pièce par les artistes, qui ont livré d'infinies manières de le draper. Malgré les sujets majeurs qu'il soulève, le périzonium constitue toujours un « point aveugle » dans la recherche iconographique, presque un non-sujet, qui a été largement moins commenté que d'autres éléments constitutifs des scènes de la Passion : la position du corps du Christ, de ses stigmates, des personnages qui l'entourent, la variété de leurs expressions, la manière dont le sang coule, etc… Visuel > Bacchiacca, National Gallery Washington .