« Dans un café sur le port de Dunkerque vit un iguane : il y a quelques années, nous l’avons rencontré. Nous étions logées dans l’auberge de jeunesse, entre la plage et le port, qui accueillait alors le congrès annuel de l’illusion ; des dizaines de magiciens y répétaient leurs numéros, amulettes au cou. Nous étions les seules personnes incapables d’un tour de prestidigitation. Ce soir-là, nous avons dîné au café avec un marin. L'iguane nous a dévisagées longuement. Il bougeait peu, avec tant de précision et de lenteur que nos gestes humains en paraissaient désordonnés : l'iguane évolue dans une autre dimension, avons-nous pensé, où le temps est ralenti et les perceptions modifiées. Peut-être vit-il pour toujours, dans l’avenir. » Ce texte introduit le nouveau projet de Louise Hervé et Chloé Maillet, qui comprend des œuvres réalisées sous la conduite d’esprits et d’entités extraterrestres, empruntées à des collections spécialisées, du début du XXe siècle à aujourd’hui (Fleury-Joseph Crépin, Madge Gill, Alexandro Garcia…). L’Iguane est aussi l’exposition d’une méthode, les artistes explorant des épisodes de l’histoire qui sont des points de réflexions sur les modes de transmission du savoir et les moteurs de révolution sociale, tels l’enseignement pythagoricien, les fêtes et chants fraternels des Saint-Simoniens ou la pratique du jiu-jitsu par les suffragettes. Ces éléments propices à la reconstitution s’enchâssent grâce aux liens tissés par les artistes dans une approche transversale, où se croisent récits historiques et fictionnels. L’exposition L'Iguane s’articule autour d’installations et de dispositifs de projection, ainsi que d’un programme de performances et de films en deux actes : I. La Salle sans nom (du 20 janvier au 18 février) et II. Rien n’est dit (du 20 février au 25 mars). Visuel : Imitation d’Elise Müller (sous l’influence de C.B.), Louise Hervé & Chloé Maillet, 2017. Courtesy Marcelle Alix.
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