« Le 18 juin dernier, Anna Blume est allée rejoindre son mari Bernhard Blume qui nous avait quittés en septembre 2011 », nous annonce avec une grande tristesse la Galerie Françoise Paviot. Ce couple d’artistes allemands qui avaient fleuri ensemble reposera en paix avec Anna Jr, sa fille, au cimetière de Cologne. Mais connaissant l’aptitude à la » métaphysique des objets » que le couple de photographes performers dotait de pouvoirs surnaturels pour des séries photographiques dans lesquelles il se mettait en scène depuis les années 1970, il est bien possible dès lors qu’une tasse de café entre en légère lévitation dans votre salon, que l’esprit frappeur et facétieux des Blume s’y soit réincarné.
Le Centre Georges Pompidou leur avait consacré, en 2015, une exposition personnelle, accompagnée d’un catalogue aux Editions Xavier Barral. L’événement présentait notamment pour la première fois, leur série photographique Im Wahnzimmer, un polyptyque de dix-huit tirages de grand format (200 x 126 cm) exposé dans une version monumentale, de 25 mètres de long et dont le titre est un jeu de mots sur la « salle de séjour », qui se dit « Wohnzimmer » en allemand, et le mot « Wahn » qui évoque la folie, le délire. Réalisée en 1984, la série s’inspirait de photographies de phénomènes paranormaux, qu’on nommait « poltergeists », et qui défrayaient la chronique dans la presse allemande de l’époque. Défiant les lois de la pesanteur, les hallucinations et dérapages (in)contrôlés mis en scène dans l’imagerie domestique d’Im Wahnzimmer convoquaient alors par l’humour et la dérision, une critique insidieuse de la classe moyenne allemande, de ses codes et stéréotypes, de son rapport au matérialisme et à la consommation.
Quelques années auparavant, en 1997, à l’invitation de Régis Durand, une exposition personnelle leur avait été consacrée au Centre National de la Photographie. Puis en 2010, la MEP dévoilait leurs 25 ans de travail avec le Polaroid SX-70. Leurs œuvres – photographies, dessins, sculptures – figurent dans les principaux musées d’Europe et des Etats-Unis. Récemment, une reconstitution de leur atelier avait rejoint les collections de la Neue National Galerie de Berlin.
