Vincent Ganivet | Silo

Depuis le début des années 2000, Vincent Ganivet déploie des stratégies pour détourner le quotidien. À partir d'un vocabulaire plastique élémentaire, sa politique globale est celle du contre-emploi : sous ses doigts les gravats deviennent matière à paysages, les dégâts des eaux s'exposent, la poussière forme des constellations, les feux d'artifices se tirent en plein jour et les arches de parpaing s'envolent. De son expérience des chantiers, l'artiste a pris le goût des matériaux simples et modestes : ses œuvres font converger l'univers BTP (ses éléments bruts, sa charge constructive), les jeux modulaires (assemblage, empilement, tension et mise en équilibre) et la recherche du dépassement. "Ma pratique de constructeur relève du défi permanent. Défi aux lois de l'équilibre, aux limites desquelles je travaille de façon très empirique, résolument expérimentale, et avec toute mon opiniâtreté. J'essaie et réessaie jusqu'à ce que "cela tienne". Défi pour les institutions qui m'accueillent aussi car en plus d'un véritable chantier de plusieurs jours, voire semaines, c'est aussi une grande prise de risque que je leur fais porter. Plusieurs de mes sculptures se sont déjà effondrées en cours d'exposition, et il arrive même que je ne parvienne pas à les achever pour le vernissage. C'est malheureusement le cas ici. Animé de la volonté de renouveler mon vocabulaire, j'ai voulu m'essayer à un nouveau module, le pneu, rond et mou là où ma brique habituelle est carrée et dure. Le matériau nous aura cette fois-ci résisté et ne parvenant pas à le maîtriser, j'ai dû me résigner à ne vous offrir, comme traces de cette dernière aventure, que quelques vues du montage, le socle construit expressément pour cette sculpture absente, et un de mes "martyrs", impression réalisée à partir d'un de mes établis. Pour autant, je ne peux rester sur cet échec frustrant pour vous, pour moi, comme pour toute l'équipe du Carré qui m'aura soutenu jusqu'au bout. J'entrevois déjà des solutions et j'espère vivement avoir l'opportunité de revenir bientôt avec ce projet abouti." Vincent Ganivet