Art(s) contemporain(s) & Jeunesse – Les idées cool de l’été

Cette fois, ça y est, le temps des grandes vacances a sonné ! Le soleil n’est pas forcément de la partie, mais qu’importe, nul besoin de sa présence pour jouer les curieux et partir à la découverte des artistes d’aujourd’hui. Voici donc quelques idées de visites destinées plus particulièrement au jeune public ou bien à vivre en famille un peu partout dans l’Hexagone, comme au-delà de nos frontières et sur Internet. Notre circuit passe en ce mois de juillet par les Hauts-de-France, la Normandie, le Lot, le Jura, l’Auvergne et bien sûr l’incontournable région parisienne. Bonnes découvertes.

DU NORD AU SUD…

Une expo « rien que » pour vous ! C’est avec un brin d’espièglerie et convaincu d’un nécessaire engagement auprès des plus jeunes, que le Frac Nord-Pas de Calais a choisi de sous-titrer d’un « Réservé aux enfants ! » la manifestation actuellement à l’affiche. Extravaganza se propose ainsi d’explorer, à travers les œuvres d’une vingtaine d’artistes internationaux, la part d’enfance que chacun conserve plus ou moins profondément en lui. « Drôles, énigmatiques, d’une grande poésie, ces œuvres issues de nos collections racontent des histoires extravagantes aux jeunes de 7 à 77 ans, explique le commissaire de l’exposition Richard Leydier. Elles nous embarquent pour un voyage carnavalesque, une sorte d’odyssée où l’on croise tour à tour des souvenirs d’enfance, des châteaux de sable, d’étranges animaux, des empreintes de dinosaures, une fusée bricolée ou des paysages imaginaires. » Au fil du parcours, divers ateliers permettent d’appréhender autrement certains travaux. Ils s’ajoutent aux rencontres proposées tout au long de l’année par le Frac aux familles : une visite commentée des expositions (à 16 h 30) et des ateliers en accès libre tous les dimanches, notamment. Durant l’été, une programmation spécifique est mise en place à destination des enfants ; elle peut être consultée d’un clic ! Extravaganza est à découvrir en entrée libre, du mercredi au dimanche de midi à 18 h, jusqu’au 28 août.

Thomas Lasbouygues
Exploration, Thomas Lasbouygues (en collaboration avec Guillaume Barth), 2013-2015.

Décollage immédiat. Pour sa onzième édition baptisée Exoplanète Lot, le Parcours d’art contemporain en vallée du Lot emmène, jusqu’au 4 septembre, ses visiteurs à la conquête d’un territoire spatial inconnu, « exploré » durant plusieurs mois de résidence par les huit artistes invités à intervenir en 2016. La Mexicaine Tania Candiani imagine, par exemple, atterrir sur ce sol lointain en montgolfière, tandis que le duo germano-britannique HeHe présente un véhicule collectif écologique conçu pour s’adapter à des terrains changeants. A partir de laboratoires implantés en différents points de la planète, le jeune Français Thomas Lasbouygues transmet des images captées de diverses manières expérimentales. Caroline Le Méhauté, elle, entreprend tout simplement de découper un bout de ciel nocturne pour en proposer la visite sur la terre ferme ! Le Toulousain Ludwig envisage l’espace comme une multitude de territoires gazeux et mouvants ; l’Anglaise Tracey Warr raconte l’histoire singulière de la planète Meanda. En écho à l’ensemble des propositions, est projeté le film d’Angelika Markul – artiste polonaise installée à Paris – : 400 000 milliards de planètes. Tous les jeudis matins de juillet et d’août, un atelier en lien avec l’exposition est proposé aux enfants de 5 à 12 ans (au tarif de 7 euros et sur réservation) à la Maison des arts Georges Pompidou de Cajarc. Mercredi 20 juillet, une rencontre art et science inédite est programmée autour du thème de la Lune ; seule condition pour participer : venir en duo adulte-enfant. Infos et réservations.

…ET D’OUEST EN EST

Thomas Levy-Lasne
Le tatoueur Tintin, Thomas Lévy-Lasne.

Histoires de je. La troisième édition du Festival Normandie Impressionniste, qui se tient jusqu’au 26 septembre, est consacrée au portrait. Des centaines d’expositions, spectacles, conférences, ateliers, pour petits et grands, et autres propositions interactives sont au programme de la manifestation qui se déploie à travers toute la région. Notons la présentation, au Centre culturel Jean Lurçat à Saint-Lô, du fruit de l’action menée en début d’année par JR avec les habitants dans le cadre de son projet itinérant Inside Out : à chaque étape, l’artiste invite tout un chacun à venir se faire photographier ; les images numériques sont ensuite imprimées en format poster (90 x 135 cm) puis confiées aux participants afin qu’ils le collent dans l’espace public pour « soutenir une idée, un projet, une action ». Les portraits de plus de 200 Saint-Lois sont ainsi affichés sur la façade du Centre culturel et dans l’entrée du musée des Beaux-Arts de la ville. L’Artothèque de Caen accueille l’exposition Seuls/Ensembles, qui réunit une vingtaine d’artistes contemporains pour lesquels le portrait est une façon de témoigner d’une époque et de la place que l’individu y occupe. Mercredi 3 août, une visite en famille est organisée, suivie d’un atelier spécifique et d’un goûter. Un format de rendez-vous proposé tout au long de l’année par l’institution, chaque premier mercredi du mois. L’ensemble des activités plus spécialement destinées au jeune public dans le cadre du Festival Normandie Impressionniste est à découvrir ici.

Quand l’emballage fait œuvre. Engagé depuis plusieurs années dans la constitution d’une collection d’art contemporain par le biais du « laboratoire » artistique Lab’Bel, le Groupe Bel accueille régulièrement des manifestations promouvant la création contemporaine dans son historique Maison de La vache qui rit à Lons-le-Saunier, dans le Jura. En 2014, il a initié une série de collaborations avec des artistes internationaux invités à créer une Boîte Collector en vue de célébrer le centième anniversaire de la marque La vache qui rit en 2021. Les Allemands Hans Peter-Feldmann et Thomas Bayrle en ont été les deux premières signatures. Le notion d’emballage est d’ailleurs au cœur de l’exposition estivale du lieu : Le visiteur emballé a été conçue par le collectif pluridisciplinaire Bruit du frigo et la plasticienne Micha Deridder comme un dispositif ludique et participatif. Soyez prêts à plier, graver, deviner, jouer, vous déguiser et créer ! Une visite placée sous le signe de l’expérimentation à suivre jusqu’au 31 octobre.

L’INCONTOURNABLE PARIS…

Shouchiku Tanabe
Œuvre signée Shouchiku Tanabe.

Poésie japonaise au Musée Guimet. C’est une installation aussi harmonieuse qu’étrange qui attend le visiteur au quatrième étage du musée parisien dédié aux arts asiatiques. Une sorte d’arbre fantastique qui pourrait sortir d’une bande dessinée comme avoir été minutieusement conçu à l’aide d’un programme informatique… Signée du Japonais Tanabe Shouchiku III, la création est en fait composée de quelque 8 000 tiges de bambou soigneusement calibrées et tressées manuellement les unes avec les autres. S’il a été formé à l’Osaka Craft High School et à l’Université des arts de Tokyo, l’artiste né en 1973 – dont le nom Shouchiku signifie « petit bambou » dans sa langue natale – est avant tout l’héritier d’une lignée de maîtres vanniers initiée en 1890, dont la pratique fait partie de l’art traditionnel de l’ikebana qui prend source au XVe siècle. L’installation présentée jusqu’au 19 septembre au Musée Guimet est la quatrième sculpture de ce type issue de son imagination. Plus de six mois de travail ont été nécessaires pour sélectionner, couper et agencer les tiges. L’ensemble évoque les cinq éléments essentiels à la vie – le « godai » –, soit la terre (chi), l’eau (sui), le feu (ka), le vent (fû) et le vide (kokû).

Circulation(s) se met à hauteur d’enfants. Organisé par l’association Fetart, le festival Circulation(s) accueille, jusqu’au 7 août, pour sa sixième édition 51 jeunes talents venus de toute l’Europe. En parallèle à l’exposition de leurs travaux au Centquatre, Little Circulation(s), organisée pour la deuxième année consécutive dans les Ecuries, s’adresse plus particulièrement au jeune public, avec un accrochage – les mêmes séries que dans l’exposition principale sont ici dévoilées, mais avec une scénographie sur panneaux adaptée aux enfants – et un programme pédagogique dédié, ainsi que des activités spécifiques. Des jeux imaginés à partir des œuvres exposées sont proposés aux enfants afin d’accompagner leur visite de façon amusante et créative ; deux d’entre eux, un domino et un memory, ont par ailleurs été édités en série limitée. Enfin, la mise en place d’un studio de prise de vue offre chaque week-end aux visiteurs l’opportunité de se faire photographier – seul(e), entre amis ou en famille – par un professionnel et de repartir avec un tirage signé*.

…ET SES ENVIRONS

Michel François à l’affiche à Rentilly. Situé au cœur du parc culturel de Rentilly, en Seine-et-Marne, le château du même nom est devenu, il y a dix ans, le second lieu d’exposition – avec le Plateau à Paris – du Frac Ile-de-France. En 2014, il a été complètement réhabilité dans le cadre d’un projet confié au plasticien Xavier Veilhan, associé aux architectes Bona-Lemercier et au scénographe Alexis Bertrand : recouvert d’inox, le bâtiment offre un fascinant reflet de la nature alentour. Le Belge Michel François y est à l’honneur jusqu’au 24 juillet. Dix-neuf mille affiches. 1994-2016 – Michel François s’articule autour d’un processus récurrent mis en place par cet artiste pluridisciplinaire – il pratique notamment le dessin, l’installation, la vidéo et la photographie – : depuis 1994, en effet, chacune des affiches de ses expositions a été réalisée à partir d’une de ses œuvres photographiques et souvent tirée en de nombreux exemplaires pour être mise à la disposition du public. Outre la question que soulèvent ces éditions limitées quant au statut de l’œuvre d’art, elles témoignent également des préoccupations du plasticien dans son rapport à l’espace, au corps, aux éléments. Une visite guidée est proposée tous les dimanches à 15 h 30. A noter qu’une navette fait toutes les 20 minutes, le week-end, le trajet entre la gare RER de Torcy et le château de Rentilly.

Evi Keller
Matière-Lumière, sans titre, Evi Keller, 2015.

Flânerie au jardin à Sèvres. Pour la troisième année consécutive, les jardins de la Cité de la céramique accueillent Sèvres Outdoors, manifestation initiée en partenariat avec l’association Galeries Mode d’Emploi (GME) ; créée en 1993, celle-ci a pour but de promouvoir l’actualité des quelque 80 galeries et centres d’art contemporain parisiens qui la composent. Une quinzaine d’entre elles participent à cette édition 2016, dont deux nouvelles venues : la galerie Gagosian, qui offre aux regards une imposante et sombre sculpture réalisée par Sterling Ruby à partir de matériaux industriels de récupération, et la galerie Jeanne Bucher Jaeger, qui accroche dans un bosquet un des tissages de cuivre d’Antonella Zazzera et suspend dans un autre une lumineuse « toile » sur plastique d’Evi Keller. Parmi les établissements présents depuis le début de l’aventure, citons la galerie Bernard Jordan, qui dévoile une impressionnante tête rouge à quatre faces signée Elmar Trenkwalder, la galerie Polaris, qui présente deux ruches en faïence imaginées par Laure Tixier, ou encore Jousse Entreprise qui nous plonge dans les méandres de l’âme humaine tels que dessinés par l’Atelier Van Lieshout. Une balade en libre accès à faire tous les jours, de 10 h à 18 h, jusqu’au 23 octobre. En juillet, septembre et octobre, des étudiants de l’Ecole d’art et de communication (EAC) assurent un rôle de médiateur, pendant le week-end (entre 11 h et 16 h).

A L’AIR LIBRE

Joyeux anniversaire ! Qu’elles s’emparent d’un pont au détour d’une rivière, s’installent crânement au beau milieu d’un champ ou s’accrochent avec audace sur les pentes d’une colline, les installations disséminées au fil d’un parcours, sillonnant tout l’été le massif auvergnat du Sancy, ravissent l’imaginaire et séduisent tous les publics. Né en 2007 de la volonté des acteurs du territoire d’inventer de nouvelles manières de montrer leur patrimoine naturel, le Festival Horizons-Arts Nature en Sancy célèbre en 2016 son dixième anniversaire et propose comme tous les ans de découvrir une dizaine d’œuvres éphémères, conçues par des artistes internationaux aux pratiques éclectiques, mêlant souvent architecture, arts plastiques, design et paysage. Soucieux d’engager un dialogue complice avec l’environnement choisi, ils livrent au regard des pièces à la fois poétiques et d’une grande technicité, souvent non dénuées d’humour. Une carte et des informations relatives à chaque installation – à découvrir jusqu’au 25 septembre – sont disponibles dans les offices de tourisme de la région, ainsi qu’en ligne ; un livret « Little Horizon » a été édité tout spécialement pour les 6-10 ans.

Huang Yong Ping-serpent
Serpent d’océan, Huang Yong Ping, 2012.

De surprise en surprise dans l’estuaire de la Loire. Le parcours artistique déployé dans l’estuaire de la Loire s’est imposé au fil des ans comme un élément incontournable du patrimoine de la région nantaise. Le long des 120 km de cette partie du fleuve où sa rencontre avec l’océan est perceptible, le public peut découvrir une trentaine d’œuvres réalisées in situ et dispersées dans les communes riveraines. Des travaux qui font écho à l’harmonie et à la richesse des paysages naturels en reprenant des thèmes tels que la séparation du territoire en plusieurs espaces utiles ou le rôle de l’architecture dans les paysages urbains. La visite se présente en plusieurs volets : un parcours nantais proposant, entre autres, les créations d’Ange Leccia et de François Morellet (1926-2016), un circuit au bord de l’estuaire avec la présentation d’étonnantes installations – parmi lesquelles les propositions d’Erwin Wurm et de Jimmie Durham. A Saint-Brevin-les-Pins, à la frontière entre espaces fluvial et maritime, le visiteur est amené à découvrir l’immense serpent de mer de Huang Yong Ping. D’avril à octobre, il est possible de suivre le parcours sous forme de croisière entre Nantes et Saint-Nazaire.

CHEZ NOS VOISINS

Les cimaises « très jeune public » du Guggenheim de Bilbao. Tout au long de l’année, le Musée Guggenheim de Bilbao offre un large éventail d’activités destinées aux enfants et aux familles : visites guidées, ateliers créatifs, d’architecture d’expression corporelle, temps de lecture… Même les bébés de 6 à 24 mois ont droit à leur programme spécifique ! En parallèle, le projet « Apprendre à travers l’art » organise tous les ans un échange culturel entre deux classes d’école primaire, l’une située au Pays Basque et l’autre à New York, qui se conclut par une vaste exposition. En 2016, les jeunes participants étaient issus des écoles Uribarri de Bilbao et de la Public School 9 Teunis G. Bergen du quartier de Brooklyn de New York ; accompagnés par des artistes, ils ont communiqué via Internet six mois durant tout en réalisant leurs autoportraits respectifs. Leurs travaux sont présentés au public jusqu’au 18 septembre sur deux étages du musée et s’articulent autour de deux thématiques – qui varient chaque année – : « Art et Science » et « Raconter des histoires ».

La couverture du carnet de visite est signée Nicole Rossi.
La couverture du carnet de visite est signée Nicole Rossi.

Cabotage muséal à Genève. Au printemps dernier, la ville de Genève a édité un carnet pour les enfants destiné à accompagner le public familial dans sa visite du quartier des Nations et de ses quatre musées – dans lesquels il est mis à disposition gratuitement – : un parcours « enchanté », à suivre jusque fin août, vous entraînera dans une découverte ludique, rythmée par le récit d’anecdotes, des questions illustrées et autres indices mystérieux, des Conservatoire et Jardin botaniques, du Musée d’histoire des sciences, du Musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et du Musée Ariana. Ce dernier, dédié à la céramique et au verre, offre de visiter un insolite bureau d’objets « perdus-trouvés » : Lost & Found réunit les fruits d’un atelier organisé, en collaboration avec la Maison de Quartier des Libellules, par des jeunes artistes en formation à la Head (Haute école d’art et de design) et au cours duquel des habitants de tous âges ont été conviés à imaginer et fabriquer toute une série d’objets en faïence pour évoquer leur quotidien ou illustrer de façon métaphorique différents thèmes d’actualité. Une exposition tout en clins d’œil et poésie à voir jusqu’au 5 septembre.

SUR LA TOILE

Un festival de clics ! Un e-magazine, des explications simples sur les expos en cours ou à venir, des interviews et vidéos d’artistes, des jeux, une galerie virtuelle de dessins et peintures envoyées par les jeunes internautes, des éléments ludiques de découverte d’œuvres d’artistes majeurs de la création contemporaine… Le site développé par le Centre Pompidou à destination du jeune public est à explorer sans modération !

* Si les expositions présentées dans la nef et la halle d’Aubervilliers du Centquatre ainsi que Little Circulation(s) sont en entrée libre, le coût du tirage photographique personnalisé est de 59 euros.

Crédits photos

Image d’ouverture : L’infini, Bertrand Gadenne, 2003 © Bertrand Gadenne – Exploration © Thomas Lasbouygues, photo François Klein – Le tatoueur Tintin © Thomas Lévy-Lasne – © Tanabe Shouchiku III, photo Valentine Puaux – Matière-Lumière © Evi Keller, courtesy galerie Jeanne Bucher Jaeger – Serpent d’océan © Huang Yong Ping – © Nicole Rossi

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