La galerie Grand’Rue à Poitiers accueille jusqu’au 15 octobre de singuliers voyageurs. Venus nous faire découvrir l’Arbonie, ils doivent tout à l’artiste qui a su entendre leur voix. Jephan de Villiers, inlassable promeneur et conteur.
Tout près des hommes, au cœur de la forêt, prospère une belle et grande nation. Une grande nation de petites gens pourrait-on dire tant elle est discrète. Pour la sortir de l’oubli, il fallait la puissance créatrice d’un artiste hors du commun. Jephan de Villiers est venu nous conter l’histoire de ce peuple ignoré de tous. A la fois cueilleur, messager et promeneur génial, il glane sur son chemin ce que veut bien lui céder le vent, la forêt ou la rivière. Ecorces, brindilles, plumes, carapaces de limules : la récolte est modeste, presque dérisoire. L’artiste ne se veut pas démiurge ; il se voit plutôt passeur, compagnon, témoin. Au fil du temps, de révélation en révélation, il chemine. Hier au plus profond des bois, aujourd’hui sur les rives de la Gironde, mais toujours au bord du monde. Jephan de Villiers détient le secret de l’Arbonie et construit depuis plus de trente ans l’épopée de ses humbles héros. Entre ses mains ont éclos les bois-corps qui se déploient tels des anges. Ce peuple végétal a des outils, une écriture, une mémoire qu’il transporte lors de longues processions. De temps à autre, un ami du règne animal vient les rejoindre, ours ou cheval… Le silence se fait, celui immémorial d’un temps où seuls les éléments régnaient sur Terre. La simplicité des matériaux, apparente économie de moyens, laisse éclater la charge émotionnelle et spirituelle de l’œuvre. L’Arbonie est une merveilleuse invitation dans une autre dimension, là où le cœur de l’homme se nourrit du sacré. Que cherchent-ils à nous dire ces visages stupéfiés ? Qu’au commencement tout n’était qu’harmonie et liberté. Est-ce en souvenir du pacte que l’artiste conclût, enfant, avec les arbres ? Dans le regard de Jephan de Villiers, le mystère reste entier.[[double-v220:2,3]]
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