Art & Sciences – Dominique Roland – Préférer la pensée au médium

Il a beau dire régulièrement : « Choisir, c’est renoncer », Dominique Roland ne baisse jamais les bras. A la tête du Centre des arts d’Enghien-les-Bains, il porte haut les couleurs des écritures numériques. « Inter », « trans » et pluridisciplinaires, telles sont les pratiques dont il fait passionnément la promotion. Pour lui, le plus important dans la création n’est pas l’ensemble des moyens utilisés, mais l’acte artistique.

Photo MLD
Dominique Roland au CDA.

Dominique Roland dirige, depuis sa création en 2002, le Centre des arts (CDA) d’Enghien-les-Bains consacré aux écritures numériques. Il y a dix ans, la proposition était osée. L’art numérique sortait péniblement des limbes de la création dite technologique et les pratiques transdisciplinaires se développaient en marge de l’art dit contemporain, bien installé sur d’anciens usages et repères. Faute de lieux où s’exposer, de manifestations grand public où se montrer, tout un pan de la création fonctionnait en circuit fermé : institutions, résidences et subventions spécialisées, lieux confidentiels de monstration et, finalement, tout un petit monde en orbite autour d’un art plus conventionnel, plus vendeur aussi. C’est dans cet environnement que l’aventure du CDA débuta. Onze saisons d’une programmation aussi osée qu’éclectique ont eu raison de bon nombre d’a priori et ont permis à des centaines de milliers de personnes de vivre en direct des moments de création inédits, tous prouvant qu’art, technologies et sciences sont compatibles et que la création d’aujourd’hui ne peut pas faire l’économie de leurs très fructueuses et prolifiques relations. Pour mieux comprendre cette intersection artistique, Dominique Roland a accepté de s’adonner au jeu des mots.

Création contemporaine

« Ce n’est pas simple de s’y retrouver, car nous avons appris à référencer dans des cases. Certaines œuvres sont plus visuelles ou plus sonores, d’autres plus textuelles ou plus gestuelles. Mais la plupart du temps, aujourd’hui, un créateur s’intéresse à l’ensemble. Les pratiques transdisciplinaires ouvrent des perspectives presque infinies de création. »

Outils

« La question des outils n’est pas importante en soit. L’essentiel est de réfléchir à la façon dont l’hybridation des pratiques conduit à l’émergence de nouvelles esthétiques. Cette question se pose pour toutes les formes d’écriture. Andy Warhol a utilisé l’agrandissement et la duplication, Miyazaki le dessin animé, Miguel Chevalier aujourd’hui l’imprimante 3D, le choix des moyens de création est fonction de l’époque et de la sensibilité de chaque artiste. Tous ouvrent des champs d’exploration. Aujourd’hui, on observe un rapprochement entre le vintage et le high-tech. Les techniques, la pensée et l’écriture sont entremêlées. Il faut constater qu’il n’y a pas de rupture, que l’entrelacement des moyens se fait dans une continuité, une progression. Ce qui est dommage, c’est de ne pas avoir mis le projecteur sur les nouvelles pratiques au fur et à mesure de leur apparition. Les écoles d’art ont ignoré trop longtemps tout un pan de la création numérique, notamment. Elles sont restées bloquées dans les années 1960 et ont ignoré les descendants du Bauhaus, de l’Op Art, de l’art cinétique, de la création assistée par ordinateur… La relation entre les arts, les techniques et les sciences n’a pas été mise en évidence. Il y a soixante ans, la création transdisciplinaire existait déjà ! »

Fracture

Nasser Martin-Gousset, photo Agathe Poupeney/PhotoScène, courtesy Centre des arts, Enghien-les-Bains
Le Visiteur, chorégraphie de Nasser Martin-Gousset.

« On parle souvent de fracture numérique. Pour moi, une fois encore, il n’y a pas de rupture. L’être humain est très adaptable et finit toujours par s’approprier les nouveautés technologiques. C’est un humanisme digital qui se développe avec les nouvelles collaborations possibles en réseau. Certes, il est impossible d’appréhender toutes les technologies. Il nous faut faire des choix et, comme disait souvent Godard, après Gide : « Choisir, c’est renoncer » ! Et ces choix que nous faisons sont souvent dictés par la nécessité. Nous agissons en fonction des priorités. Il s’agirait, concernant le numérique, de passer de la dématérialisation à une forme de réappropriation du monde matériel ? Mais nous ne sommes en fait jamais sortis de ce monde-là. Le cinéma est le premier des arts à nous avoir contraint à un environnement précis pour l’apprécier : un projecteur, un écran, une salle plongée dans le noir. En dehors de ces conditions, la seule chose à voir était une bobine de film ! L’arrivée du numérique dans ce contexte n’a pas changé les conditions de réception des œuvres cinématographiques, mais les gestes des professionnels, notamment des monteurs qui n’ont plus eu à couper et coller physiquement la pellicule. Mais monter n’est pas seulement une activité physique, c’est aussi un mode de pensée : un plan après un autre plan et ainsi de suite pour fabriquer une histoire. Effectivement, chaque poussée technologique nous oblige à repenser le monde, mais il en va de même pour toute avancée conceptuelle. Citons, par exemple, l’apparition de la discontinuité narrative, dont un des plus fameux exemples nous a été offert par David Lynch avec Mulholland Drive. Ce schéma de narration a probablement eu plus d’importance pour le cinéma qu’une énième trouvaille technique. »

Modes de communication

Lionel Hoche, courtesy Centre des arts, Enghien-les-Bains
Flashville, pièce chorégraphique de Lionel Hoche.

« Avant, la distance régissait le mode de communication. Le plus souvent, les informations passaient par l’écriture. Le temps que le destinataire du courrier en prenne connaissance, certaines choses pouvaient arriver. Cette situation influençait la manière d’écrire et le contenu des lettres. Puis, le téléphone est arrivé et a très rapidement été domestiqué. Devenu mobile, il permet désormais d’envoyer des SMS, voire des mails. Je peux donc choisir entre tous ces modes de communication en fonction de mes besoins et de mes envies. Et puis, malgré cette multiplication des moyens, le plus efficace et le plus agréable demeure la rencontre ! Aujourd’hui, mes recherches se tournent vers un autre mode de présence à l’autre. Avec un ami japonais, nous nous intéressons à la communication holographique. Question initiée bien avant l’avènement du cinéma, pourrait-on dire, si l’on se souvient des Pepper’s Ghosts du théâtre victorien. Pour croire en un hologramme, il faut qu’il baigne dans la même lumière que son interlocuteur, que sa voix résonne de la même manière et, surtout, que la densité et le poids de son corps soient perceptibles. Si ses conditions ne sont pas réunies, le cerveau remet tout de suite en cause la représentation et ne peut pas identifier l’image matérialisée à la personne à laquelle elle appartient. Si nous réussissons : quelle écriture allons-nous pouvoir développer ? L’essentiel n’est pas la performance technologique en soit, mais le développement d’un nouveau mode de représentation, de relation, d’écriture. Utilisé en temps réel, l’hologramme pourrait offrir de nombreux axes de développement, tant pour les arts vivants que pour les représentations dans l’espace public. »

Papier

« Promouvoir les écritures numériques et continuer à éditer des ouvrages papier, ce n’est pas contradictoire. Au contraire, il faut soutenir l’édition papier, elle fait appel à un mode différent de lecture et d’appréhension des choses. La dématérialisation est la principale critique qui est faite au monde numérique, car cette dernière est vécue comme une déshumanisation, une perte du sens de la matière, du sens physique des choses. Je crois que cette analyse peut être désormais battue en brèche. Le numérique peut au contraire rapprocher les hommes, permettre un meilleur confort dans nombre de situations, amplifier les échanges et augmenter les connaissances. On parle aujourd’hui d’humanités digitales. Depuis l’ouverture du CDA, nous avons édité 45 publications principalement dédiées aux arts en lien avec les sciences et les technologies. Ce qui ne nous n’empêche pas de mettre à la disposition des internautes une version numérique téléchargeable. Les deux publications sont indispensables et répondent à des besoins et des envies différents. Le poids du livre dans la main est important, même si apparemment ce réflexe appartient à un monde ancien. Il n’y a pas de doute, le papier demeure dans les modes de production d’aujourd’hui. »

Individuation

Myriam Gourfink, courtesy Centre des arts, Enghien-les-Bains
Contraindre, Myriam Gourfink, 2007.

« L’individuation dans les modes de production et de diffusion, c’est tenir compte de chacun, entrer dans un mode personnalisé de relation avec les objets, envisager la création avec nos propres désirs et nos propres rêves. Chacun a envie de promouvoir son goût et, de ce point de vue, les réseaux sociaux ont été d’importants contributeurs qui ont modifié le circuit traditionnel de valorisation, puisque l’identification d’un talent ou d’une œuvre se fait en ligne aujourd’hui, beaucoup plus qu’avec les têtes de gondole des magasins ! Les internautes contributeurs aident à produire et à diffuser un album. Là encore, le numérique humanise la relation entre le public et les créateurs. Pour prolonger cette réflexion, nous pouvons également parler de la personnalisation. Que l’on décide d’acquérir un CD, un DVD, un livre ou une clé USB, ce qui est intéressant pour chacun, c’est de savoir que l’objet convoité n’est pas issu d’un tirage à des millions d’exemplaires. Il se doit d’avoir une certaine personnalité. Son but est de faire partie de notre vie, de notre intimité. Les technologies et le numérique permettent de personnaliser une production. Exemple : vous venez au CDA assister à un spectacle et, à la sortie, un enregistrement vous sera proposé à un prix modique. L’objectif : permettre aux spectateurs de repartir avec un CD exclusivement produit pour cette soirée-là, témoin de la relation établie entre le ou les artistes et le public, lors de cette représentation particulière. Il est envisagé comme une dédicace. C’est un changement de mode de production très éloigné de l’industrialisation du disque qui permet le tirage à des millions d’exemplaires de certains albums. »

Streaming

« Le streaming est un mode de diffusion qui permet, par exemple, aux internautes d’assister de chez eux au concert qui se déroule au CDA. Le streaming n’est pas là pour éviter que les personnes se déplacent, mais pour palier les difficultés de la mobilité. Il y a ceux qui ne peuvent pas venir à cause de la distance, d’un handicap ou, simplement, qui n’ont pas le temps. Grâce au streaming, nous leur permettons de profiter malgré tout d’une partie de la programmation, même si ce mode de diffusion ne remplacera jamais la présence et l’émotion de celui qui est dans la salle. Dans ce cas, il n’est pas non plus question de déshumanisation, au contraire, le numérique permet d’être présent, même installé dans un fauteuil à des milliers de kilomètres. »

Temps réel

Thierry De Mey, photo Christian Ganet, courtesy Centre des arts, Enghien-les-Bains
Light Music, Thierry De Mey, 2006.

« Donnons un exemple d’utilisation du temps réel. Habituellement, un danseur apprend une chorégraphie, son langage, sa grammaire et la répète jusqu’au filage, puis jusqu’à la générale, avant de la livrer aux spectateurs. Le numérique a introduit quelque chose de nouveau dans ce scénario, en permettant l’accroissement de la créativité de l’interprétation grâce à l’enregistrement des prémouvements. Dans ce cas, des capteurs transmettent le son produit par les muscles du danseur à un logiciel, qui les filtre et les reproduit en temps réel. Le danseur émet alors une musique appelée la mélodie musculaire. Que se passe-t-il ? Il interprète en tenant compte non seulement de ses déplacements dans l’espace, mais également des sons qu’il émet. Cette donnée supplémentaire change son comportement et l’amène à une forme d’improvisation qui construit un nouveau langage. Il possède à ce moment-là une sorte de corps augmenté. Le spectateur, quant à lui, a une double perception. Il voit un danseur et écoute la musique issue du mouvement de son corps. C’est étonnant ! Cette forme, qui pourrait être une expérimentation de type scientifique, devient artistique par son aspect sensible. Autre exemple, celui de Light Music de Thierry De Mey, qui met en lumière le fait qu’un chef d’orchestre est aussi un danseur. Ses gestes enregistrés par des capteurs sont reproduits sur un écran sous forme de calligrammes monumentaux. Ils deviennent alors picturalement quelque chose. Nous passons d’une abstraction à une représentation. Vous avez deux lectures en simultané : un concert et une scénographie visuelle. C’est ça le temps réel. »

Robots

Tomotaka Takahashi, courtesy Centre des arts, Enghien-les-Bains
Les robots, Tomotaka Takahashi, 2007.

« Quand nous avons accueilli, en 2007, le professeur Tomotaka Takahashi du pôle robotique d’Osaka, nous avons publié un ouvrage intitulé Vers l’infini et au-delà !, qui se penchait sur les problématiques liées à l’arrivée des robots dans notre quotidien. Nous avons, entre autres, posé la question du statut du robot. Au Japon, il y a plusieurs mouvements de pensée concernant ce sujet. Pour Takahashi, le robot se doit d’avoir un design, il doit se différencier de l’homme et non le singer. Ce qui ne l’a pas empêché de sexuer ses robots en leur attribuant une morphologie différente. Il a donc inventé la « robote » ! Je me souviens que nous avions également soulevé des questions d’ordre plus pratique, concernant notamment la circulation des robots dans la ville ! Seront-ils soumis aux mêmes règles que les humains ? Aujourd’hui, certains robots apprennent à parler plusieurs langues, d’autres aident des personnes handicapées. Il s’agit là de leur aspect utilitaire, mais nombre d’artistes se sont emparés de ce domaine pour créer. Citons Aurélien Bory qui propose une chorégraphie poétique et inédite de robots habituellement utilisés pour fabriquer des voitures, ou encore Bill Vorn, que nous accueillerons en 2014. Ce dernier propose une réflexion sur l’empathie qui nous saisit dès que nous sommes en présence de machines aux réactions similaires à celles de l’homme. Nous pourrions parler aussi des humanoïdes, de leur ressemblance avec les mannequins, les poupées et les automates d’antan. Mais il est probable que face à eux l’homme ne soit plus dans une recherche d’humanisation, mais tombe dans une forme de trouble du comportement. »

Eduardo Kac

Edunia Seed Pack Study, Eduardo Kac, 2006.

« Il fait le lien avec le mot précédent, car, avant d’explorer le vivant, il a conçu des œuvres robotiques, interactives ou de téléprésence. Il est à l’origine de l’Art transgénique et du Bio Art. L’exposition que le CDA lui a consacrée en 2011 a permis d’explorer les rapports qu’il entretient avec l’autre, humain ou non. Le public a pu découvrir à cette occasion Edunia, une plante dans la sève de laquelle coule l’ADN de l’artiste. Une telle création pose de nombreuses questions d’éthique. Très intéressante également, l’installation mise en place par Eduardo Kac qui donne au visiteur la possibilité d’éclairer une plante, ou non, en utilisant un système de capteurs installés dans différentes villes de la planète. La plante peut donc être éclairée constamment – si l’on choisit uniquement des lieux où il fait jour – ou pas du tout – si l’on opte pour d’autres plongés dans la nuit. C’est une métaphore, bien entendu, mais l’expérience de l’abolissement des frontières demeure intéressante. »

Smartphone

« C’est un objet usuel aux propriétés remarquables. Il prend des photos, des films, est un objet connecté, une base de données. Il est une sorte d’injonction à passer à l’action ! L’intérêt est d’en détourner les fonctions premières pour en faire un objet de création, notamment dans les mains des jeunes. Au lieu de l’utiliser de façon passive et consumériste, il faut les pousser à réfléchir à la destination de tout ce qu’ils produisent avec leur mobile. Que font-ils de toutes ces vues de leur vie ? Comment se représentent-ils leur environnement ? Que va-t-il rester de toutes ces images ? Ils photographient frénétiquement sans jamais vraiment montrer ce qu’ils font. Peut-être est-ce nécessaire d’envisager un tirage pour certaines. Nous abordons ici le thème de la mémoire et du choix. Choisir, c’est renoncer. CQFD ! »

Au programme du CDA

Bill Vorn, courtesy Centre des arts, Enghien-les-Bains
Hysterical Machines, Bill Vorn, 2006.

Installé sur le site de l’ancienne distillerie Garnier à Enghien-les-Bains, le Centre des arts a fêté ses onze ans en 2013. Première scène conventionnée « Ecritures numériques », il se définit comme un lieu de production et d’hybridation artistique. Volontairement pluridisciplinaire, il décline des événements au croisement des arts de la scène, des arts visuels, du cinéma, du design et privilégie le métissage culturel en développant des rencontres entre les créations française et internationale. La programmation 2013-2014 reflète fidèlement les engagements originels de l’institution en consolidant encore les liens entre arts, sciences et technologies. A l’affiche cette année, Gérard Lesne et son univers musical baroque, Lionel Hoche et sa dernière pièce chorégraphique, Grégory Chatonsky et une exposition-concert « très rock », Miguel Chevalier et une vision globale de son œuvre numérique, Bill Vorn et ses machines au comportement étrangement humain, Blanca Li et son exploration dansée des rapports entre l’homme et la machine, pour ne citer qu’eux. Outre l’organisation d’expositions, de projections de films, de spectacles et de conférences, le CDA développe de plus en plus sa fonction de laboratoire d’expérimentation et de production grâce au RAN (Réseau Arts numériques), plate-forme de collaboration internationale constituée de 39 structures concernées par les liens entre les arts, les sciences et les industries, mais aussi grâce à des montages de projets régulièrement soutenus par l’Union européenne ou l’Unesco. Du 14 au 20 juin, le public retrouvera les Bains numériques. Pour sa huitième édition, le festival international invite les participants à envisager sous un jour artistique le futur et ses possibles sans présupposé. La manifestation se déroulera dans l’ensemble de la ville d’Enghien-les-Bains. Installations interactives, concerts, spectacles, rencontres professionnelles et conférences seront au programme.

Contact

Centre des arts d’Enghien-les-Bains, 12-16, rue de la libération, 95880, Enghien-les-Bains, France.
Tél. : 01 30 10 88 91 www.cda95.fr.

Crédits photos

Image d’ouverture : Sans objet, Aurélien Bory, 2009 © Aurélien Bory, photo Aglaé Bory courtesy Centre des arts, Enghien-les-Bains – Flashville © Lionel Hoche, courtesy Centre des arts, Enghien-les-Bains – Edunia Seed Pack Study © Eduardo Kac, courtesy Centre des arts, Enghien-les-Bains – Hysterical Machines © Bill Vorn, courtesy Centre des arts, Enghien-les-Bains – Le Visiteur © Nasser Martin-Gousset, photo Agathe Poupeney/PhotoScène, courtesy Centre des arts, Enghien-les-Bains – Light Music © Thierry De Mey, photo Christian Ganet, courtesy Centre des arts, Enghien-les-Bains – Contraindre © Myriam Gourfink, courtesy Centre des arts, Enghien-les-Bains – Les robots © Tomotaka Takahashi, courtesy Centre des arts, Enghien-les-Bains – Portrait de Dominique Roland © Photo MLD

 

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