Art(s) contemporain(s) & Jeunesse – Les idées cool d’avril

Une fois par mois, ArtsHebdoMédias vous livre quelques pistes « art contemporain » à suivre en famille ou à suggérer à vos ados ! En cette nouvelle période de vacances scolaires, le parcours concocté pour avril vous emmène à Calais, Colomiers, Bordeaux et Besançon, sans oublier l’incontournable escale parisienne ; puis, direction la cité balnéaire de Margate, en Angleterre, et le port de Rotterdam, aux Pays-Bas. A vos marques ? C’est parti !

DU NORD AU SUD…

Le double détour d’Annette Messager à Calais. « Quand j’étais petite, on m’amenait souvent voir Les Bourgeois de Calais de Rodin, se souvient Annette Messager, née dans la région en 1943. L’expression des visages, des corps, des mains – disproportionnées – de la sculpture m’impressionnait beaucoup, et m’impressionne toujours. » Par la suite, l’artiste a fait du corps un élément récurrent de son exploration créatrice, s’appuyant sur des matériaux empruntés au quotidien, tels des brins de laine, des peluches, du tulle, des filets et autres badges en plastique. Dessus Dessous est le titre de la double exposition qui lui est consacrée au Musée des beaux-arts et à la Cité de la dentelle et de la mode de Calais. L’occasion de plonger dans l’univers à la fois inquiétant et merveilleux de cette grande dame de l’art contemporain qui nous livre un regard non dénué d’humour mais sans concession sur le monde. En fin de parcours, au Musée des beaux-arts, Annette Messager a aménagé un espace à destination des plus jeunes, le « Messaginarium », lieu dédié à la créativité. Plusieurs jeux conçus par l’artiste sont à disposition qui proposent, par exemple, de composer sa propre chimère, de définir une interdiction inédite ou de s’exprimer sur la « grande messagerie ». A découvrir jusqu’au 15 mai.

Pangramme (détail), Fanette Mellier.
Pangramme (détail), Fanette Mellier.

Se laisser prendre aux jeux à Colomiers. Les Français Etienne Cliquet et Fanette Mellier, l’Allemande Uta Eisenreich et l’Italien Ernesto Sartori partagent un goût certain pour les jeux d’association et de construction, qu’ils pratiquent sous les formes les plus variées, à partir de lettres, d’idées ou encore d’éléments mobiliers. Tandis qu’Etienne Cliquet se passionne depuis de longues années pour l’art de l’origami, dont il n’a de cesse de repousser les limites grâce à l’aide du numérique, Uta Eisenreich développe une démarche photographique s’appuyant sur des références à des tests de QI conçus pour les enfants. Avec son installation monumentale Pangramme, qui réunit les lettres de l’alphabet imprimées de manière variée, Fanette Mellier invite le public à composer son propre pangramme, soit une phrase comportant les 26 lettres dont nous avons l’usage. Ernesto Sartori, enfin, présente un ensemble de construction en bois qui ont pour particularité d’utiliser toutes exactement le même degré d’inclinaison. Intitulée Les joueurs, l’exposition, qui se tient jusqu’au 14 mai au Pavillon Blanc à Colomiers (Haute-Garonne), questionne tout autant l’artiste et sa pratique, que le public et son appréhension de l’art ou encore l’art face à ses motifs et ses formes.

…ET D’OUEST EN EST

Rendez-vous chez Gork à Bordeaux. Proposition spécifiquement conçue à destination des enfants de 7 à 11 ans, les ateliers Bô du CAPC, Musée d’art contemporain de Bordeaux, offrent une approche ludique et expérimentale de l’art avec la complicité de jeunes plasticiens sélectionnés pour leur créativité et leur humour. Ils ont lieu tout au long des vacances scolaires. Du mardi 19 au vendredi 22 avril, Michel Cruelle déploie, en partenariat avec la Fabrique Pola – lieu bordelais dédié à la création contemporaine, à la production et à la diffusion artistique –  son laboratoire de sérigraphie. Au programme, la création de l’univers fantastique de Gork, un monstre sympathique – ou pas ! –, matérialisé par le biais de fanzines, dessins, masques et autres marionnettes. Le tout à découvrir par les plus grands dans le cadre d’une mini-expo présentée en fin de semaine. Renseignements auprès du Département des publics du CAPC au 05 56 00 81 78 / 50.

Sculpter des cités imaginaires avec Clément Richem. A destination des 12-25 ans, cette fois, le stage proposé par le Frac Franche-Comté, pendant ces vacances d’avril à Besançon, est animé par le jeune plasticien Clément Richem. Explorant les relations du mouvement et du temps à différentes échelles, ce dernier emprunte tout autant au regard enfantin, qu’à celui avisé de l’architecte ou du biophysicien, pour interroger notre rapport à la nature et la matière. A travers la gravure, le dessin, la sculpture et la vidéo, il donne forme à ses réflexions par le biais de processus de construction et de destruction, comme autant de métaphores des cycles du vivant et de la création. L’artiste invite ici ses « stagiaires » à sculpter des cités imaginaires en s’inspirant des données architecturales de civilisations disparues ou en ruine. Un exercice qui vient faire écho à l’œuvre de l’Américaine Susan Hiller, The last silent movie – présentée au Frac jusqu’au 8 mai –, qui s’intéresse à 25 langues éteintes ou menacées d’extinction dans le monde. A noter : Clément Richem participe jusqu’au 30 avril à une exposition collective intitulée Lieux Dits et présentée à la Médiathèque les Mots Passants de Saint-Vit, près de Besançon.

L’INCONTOURNABLE PARIS…

Frontières et identité en question(s). Présentée jusqu’au 29 mai au Musée national de l’histoire de l’immigration, Frontières est une exposition qui invite à réfléchir au rôle et enjeux contemporains des frontières dans le monde, tout en mettant en lumière les histoires singulières des migrants d’aujourd’hui. Cartes, objets de mémoire, documents et autres témoignages y côtoient des photographies, vidéos et œuvres plasticiennes et littéraires au fil d’un parcours mis à portée de tous et qui s’accompagne d’une riche programmation parallèle. C’est dans ce cadre qu’Anna Principaud a concocté un atelier qui attend les plus jeunes (à partir de 6 ans) les samedis 16, 23 et 30 avril à 15 h. « Vos papiers pliés, s’il vous plaît ! » en est l’intitulé original qui illustre la volonté de l’artiste d’évoquer le double sens du mot « carte » : objet géographique ou gage officiel d’une identité. Après une visite à travers les collections de l’institution, les enfants créeront avec elle – par le biais de l’estampe, du pliage et du dessin – une carte d’identité qui garde la mémoire des territoires traversés. Une manière singulière d’aborder les notions d’hospitalité et du vivre ensemble. Renseignements et réservations au 01 53 59 64 30 et/ou auprès de reservation@palais-portedoree.fr.

Toile signée Philippe Geluck.
Toile signée Philippe Geluck.

Chat alors ! Le Musée en herbe, qui vient de faire peau neuve au 23, rue de l’arbre sec à Paris, confie jusqu’au 31 août, son nouvel espace à l’illustrateur Philippe Geluck. Grand amateur d’art, au point de s’incruster dans le tableau, commissaire attendri, faussaire ou critique irrévérencieux, son fameux matou aiguise ses griffes sur une toile en hommage à Fontana, fait mine dans une autre d’« emballer » Madame Cristo lors d’un cocktail, s’insurge contre Pollock alors qu’il se fait éclabousser au bord de la chaussée ou imite Le cri de Munch. L’exposition L’Art et Le Chat met ainsi en regard, avec autant d’ironie et d’humour que de pédagogie, les réinterprétations du petit félin philosophe avec des reproductions – parfois mêmes les originaux, prêtés par diverses institutions – d’une trentaine d’œuvres emblématiques de l’histoire de l’art. Pendant toutes les vacances scolaires et les jours fériés, des visites guidées et des jeux de piste sont organisés pour les enfantsde 2 à 12 ans. Ouvert tous les jours de 10 h à 19 h, le musée propose une nocturne le jeudi jusqu’à 21 h.

…ET SES ENVIRONS

Joyeux pieds-de-nez à Vitry-sur-Seine. Une installation à base de sauce tomate signée Michel Blazy, l’attaque d’un village par un bataillon d’oranges consciencieusement filmée par Jérémy Laffon, le jeu de cache-cache pictural proposé par Saverio Lucariello… Humour et poésie sont les ingrédients clés des multiples détournements opérés par la vingtaine d’invités de la galerie municipale Jean-Collet de Vitry-sur-Seine. Jusqu’au 30 avril, l’exposition collective bOurlesque réunit un ensemble de toiles, sculptures, installations, vidéos et performances autour de la question du burlesque. A ne pas confondre avec le trop souvent désobligeant grotesque. « Posons l’hypothèse que le burlesque s’afficherait consciemment, et comme on dirait “pour de rire”, chez celui qui le pratique, alors que le grotesque pourrait être involontaire et nourrir chez le spectateur une moquerie quelque peu altière vis-à-vis de la personne, propose Jacques Py, co-commissaire de l’exposition avec Catherine Viollet, la directrice des lieux. Le burlesque serait en contrepartie totalement assumé, comme une posture maîtrisée qui entraine en son sillage la sympathie amusée de l’entourage. Entre le spectateur et la superbe de l’acteur burlesque, il n’y aurait pas de relation sans cette connivence implicite, sans un pied-de-nez partagé. »

Big Dipper (détail), Michael Candy.
Big Dipper (détail), Michael Candy.

Le Prix Cube s’affiche à Issy-les-Moulineaux. Beaucoup de poésie, mais associée cette fois à la technologie, plane dans l’atmosphère de l’Espace Saint-Sauveur qui accueille l’exposition des œuvres des six nominés du Prix Cube 2016, remporté par Michael Candy. Nouant avec son installation cinétique Big Dipper (photo d’ouverture) un rapport narratif à l’univers, le jeune Australien vous emmène en voyage sous les ailes lumineuses et protectrices d’une raie manta, d’une libellule géante ou d’un engin spatial non identifié – à chacun son imaginaire ! Venus de Slovénie, Saša Spačal, Mirjan Švagelj et Anil Podgornik présentent Myconnect, une capsule dans laquelle le visiteur est invité à s’allonger et, muni d’un casque et de capteurs corporels mesurant les variations de son rythme cardiaque, à engager un échange perceptif avec du mycélium (blanc de champignon). Comme par magie, l’Allemande Verena Friedrich parvient quant à elle à faire flotter au centre d’un cube de verre – à l’atmosphère très précisément calibrée – une de ces bulles de savon qui ravit les petits et font encore sourire les grands (The Long Now). Ces samedi 16 et dimanche 17 avril (dernier jour de l’exposition), une visite en famille pourra se prolonger d’un atelier (à partir de 6 ans) permettant d’expérimenter une pratique créative en lien avec les œuvres présentées. Activité gratuite sur réservation au 01 58 88 30 00.

A L’AIR LIBRE

Jean-Francois Feuillant
N’habite plus à l’adresse indiquée, Jean-Francois Feuillant, 2014.

Déambulation sculpturale à Kerguéhennec. Se déployant à une trentaine de kilomètres au nord de Vannes, en Bretagne, le Domaine de Kerguéhennec célèbre cette année le trentième anniversaire de son parc de sculptures. Pas moins de 30 pièces sont aujourd’hui disséminées sur les pelouses, dans les bois et autour du plan d’eau. « La relation nature-culture traverse toute la collection, explique Olivier Delavallade, directeur du lieu. De la figure-arbre de Sentier de charme de Giuseppe Penone à Trait pour trait, la drôle de cage d’Elisabeth Ballet, du Naufrage de Malevitch imaginé par François Morellet à Fragment pour une cité future, la mise en scène de la ruine d’une ancienne forge dans les communs Est par Maria Nordman, en passant par Crystal cinema de Marina Abramovic, qui nous invite à la contemplation d’un quartz vieux de quelque 35 millions d’années… » Des œuvres souvent monumentales, réalisées par des artistes majeurs de la scène artistique contemporaine, sont ainsi à découvrir au fil de deux parcours dessinés au sud et au nord du château datant du XVIIIe siècle, ce tous les jours de l’année de 8 h à 21 h.

Fertiles sont les Landes de Gascogne ! Au cœur du massif forestier des Landes de Gascogne – entre Bordeaux et Mont-de-Marsan –, trois opérateurs culturels (l’association Culture et Loisirs de Sabres, l’association des Floralies de Garein et le Parc naturel régional des Landes de Gascogne – Ecomusée de Marquèze) ont décidé il y a quelques années de s’unir autour d’un projet commun d’art contemporain, aux approches transversales – artistique, environnementale, territoriale –, axé sur l’identité forestière du territoire. Objectif, monter en dix ans une collection d’une centaine d’œuvres d’extérieur et rapprocher la population locale de la création contemporaine, tout en accueillant un public averti. En 2011, les cinq premiers artistes invités à intervenir in situ avaient été Laurent Kropf à Biganos, Sarah Tritz à La Teste, Emilie Perotto à Arue, Alain Domagala à Garein et Stéphanie Cherpin à Commensacq. Le parcours s’est depuis enrichi d’une dizaine d’autres pièces signées Roland Cognet (au Parc Jean-Rameau de Mont-de-Marsan), Bruno Peinado (au lac de Bourideys) ou encore Laurent Le Deunff (à Garein). « La forêt d’art contemporain implique le déplacement, le passage d’une commune à une autre, d’une œuvre à une autre,précise l’un des commissaires Didier Arnaudet. C’est une aventure, une diversité de registres et de présences, d’appels d’air et de flèches narratives, de savoirs et d’incertitudes. » A vivre sans modération ! Plus d’infos sur www.laforetdartcontemporain.com.

CHEZ NOS VOISINS

L’histoire revisitée par Yinka Shonibare. Art et histoire ont rendez-vous à la Turner Contemporary de Margate, cité balnéaire du sud-est de l’Angleterre et ville natale de Tracey Emin. A l’occasion du centenaire de la Grande Guerre, l’institution a donné carte blanche à l’artiste britannique d’origine nigériane, Yinka Shonibare, dont l’œuvre traite notamment, de façon critique mais non dénuée d’humour, de l’histoire et de l’héritage laissés par la colonisation aux générations actuelles. A Margate, il présente deux installations conçues à partir du tissu Wax, une cotonnade devenue indissociable de sa démarche – importée en Afrique depuis l’Indonésie par les colons anglais et hollandais, elle est aujourd’hui l’un des symboles du continent – : End of Empire et The British Library (image d’ouverture) Cette dernière prend la forme d’une bibliothèque remplie de livres aux couvertures en tissu bigarrées, portant sur les tranches les noms de personnalités issues de l’immigration et ayant contribué à enrichir la culture britannique, à l’image de T.S. Eliot, Hans Holbein ou encore Zaha Hadid.

A Rotterdam, les arbres poussent dans l’eau ! C’est un curieux spectacle qui attend les promeneurs sur les quais du Wilhelmina Haven, une partie désaffectée du port de Rotterdam : une vingtaine d’arbres semblent avoir poussé tout droit depuis de gros flotteurs jaunes, verts et rouges ! Inaugurée le 16 mars dernier, cette Forêt Flottante (The Bobbing Forest) pour le moins atypique est née de l’imagination de l’artiste et initiateur de la société de production artistique Mothership, Jeroen Everaert, qui entend ainsi offrir un nouvel espace vert à la ville, tout en attirant l’attention sur les questions environnementales. Tandis que les flotteurs sont des bouées qui étaient anciennement utilisées en Mer du Nord, les arbres sont des ormes provenant, quant à eux, de zones urbaines en travaux où ils étaient en passe d’être abattus.

SUR LA TOILE

MoMA
Capture d’écran de la plateforme du MoMA destinée au jeune public.

Sur les traces du petit homme vert. D’un bond, un Martien saute dans sa fusée ! Sa mission : partir à la découverte du Musée d’art moderne de New York, le célèbre MoMA, et du MoMA PS1 – institution jumelle exclusivement consacré à l’art contemporain – ! Sur place de jeunes Terriens l’aident à s’orienter et à satisfaire sa curiosité. Une aventure à suivre sur la plateforme numérique spécifiquement conçue par le MoMA pour les enfants, qui offre de manière simple et ludique d’appréhender l’histoire et plusieurs œuvres phares des deux lieux. Le tout en perfectionnant son anglais !

Tous contre Zigomar ! Paris Musée Juniors est une plateforme ouvrant sur deux sites : Muséosphèreet Mission Zigomar. Le premier permet de visiter virtuellement douze musées de la Ville de Paris, dont le Musée d’art moderne, le musée Cernuschi et le Petit Palais, chaque visite bénéficiant d’un livret d’accompagnement. Plus ludique, la seconde proposition voit les jeunes internautes se transformer en explorateurs des collections de l’ensemble des musées de la ville. Guidés par Gab « l’aventurière », Hugo « le rêveur » et Selim « l’intellectuel féru de nouvelles technologies », ils doivent résoudre une série d’énigmes pour éviter que l’« affreux » Zigomar ne parvienne à s’emparer de diverses œuvres. Peu d’art contemporain, il faut le reconnaître, mais une plongée initiatrice des plus intéressantes dans l’histoire de l’art et quelques-unes de ses grandes thématiques.

Crédits photos
Image d’ouverture : The British Library (détail) © Yinka Shonibare MBE, photo Jonathan Bassett – © Annette Messager – Pangramme (détail) © Fanette Mellier – Poussière © Clément Richem – © Philippe Geluck – Big Dipper © Michael Candy – N’habite plus à l’adresse indiquée © Jean-François Feuillant, photo Domaine de Kerguéhennec – The Bobbing Forest © Mothership – © MoMA
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