De Calais à Aigues-Mortes – Le littoral en libre expression

Le long des côtes françaises, municipalités, associations, institutions, galeries et autres acteurs de la vie culturelle et touristique rivalisent d’originalité et d’initiatives pour attirer le plus de visiteurs dans leur cité. A Anglet, la biennale a ainsi pris possession de la ville, tandis qu’Ulysse, lui, a accosté à Aigues-Mortes et inspiré de bien passionnants gestes artistiques. Pour les amoureux de peinture, direction la collection de l’Abbaye de Sainte-Croix, qui fête ses cinquante ans cette année. Suivez le guide !

Au rythme de la biennale à Anglet

Prendre possession du paysage de la ville d’Anglet, c’est l’enjeu proposé à une dizaine d’artistes et un collectif, ceci pendant tout l’été. La cinquième édition de la biennale prendra place dans des lieux éclectiques : la Barre et le parc Izidia en bordure de littoral, la Villa Beatrix Enea et la galerie Pompidou en centre-ville ou le centre BAB2 pour la zone commerciale. Comme un îlot de nature, l’installation de barrières de Juan Aizpitarte (Belle époque) est de nouveau présentée cette année, mais dans une configuration différente pour créer une nouvelle zone d’expérimentation ; les sculptures géométriques et colorées en bâche de Karina Bisch s’incrustent dans la façade de la Maison de l’environnement ; la Parade moderne de Clédat & Petitpierre nous plonge dans nos souvenirs d’enfance ; l’architecture en cercles dessinés dans l’espace de Pierre Labat joue sur l’intensité de la forme et de son rapport à l’environnement. Pour ne citer qu’eux. Une approche vivante de l’art qui s’immisce dans la ville, modifie les jeux de dialogue entre les habitants, suscite des passerelles insoupçonnées entre les quartiers et leurs architectures.

Jusqu’au 1er septembre.Le festival Grand Ecart s’installe à Saint-Briac-sur-Mer

A Saint-Briac-sur-Mer, sur la côte d’Emeraude, deux expositions viennent, comme chaque année depuis 1996, d’une part faire redécouvrir un peintre de la région – le grand coloriste breton Jean-Julien Lemordant (1878-1968) – et, d’autre part, soutenir la création contemporaine. Le spectateur plonge ainsi dans les figures aquatiques de Marcel Dinahet, présentées dans le cadre du festival Grand Ecart à la mairie de Saint-Briac-sur-Mer et à travers la commune. L’artiste explore ici les perspectives créées grâce à la ligne de flottaison de l’eau, inverse les horizons, perturbe notre perception du large, joue sur les échelles, nous embarque à fleur de houle. Du cap Fréhel à Rothéneuf, le vidéaste a capté photographies et images qui donnent également lieu à un affichage dans la ville. Pour compléter la 18e édition de cet événement, des rencontres avec le plasticien sont programmées le dimanche 7 juillet à 18 h et le vendredi 23 août à 18 h, dans le cadre d’une soirée de projection.

Jusqu’au 8 septembre.

La collection de l’Abbaye de Sainte-Croix ?fête ses 50 ans

Attaché à défendre l’art moderne et l’art contemporain, le Musée de l’Abbaye Sainte-Croix des Sables d’Olonne revisite 50 ans de sa collection. Sous l’impulsion des différents directeurs depuis sa création en 1963, il s’est centré sur la peinture depuis les avant-gardes cubistes du XXe siècle jusqu’aux nouveaux peintres du réel tels Philippe Cognée ou Marc Desgrandchamps, en passant par les acteurs de la figuration narrative comme Eduardo Arroyo ou les protagonistes de la figuration libre, tels Hervé Di Rosa ou Robert Combas. Surprenant est donc ce dialogue entre les époques et les styles quand viennent s’immiscer dans l’exposition les acquisitions récentes du musée : parmi elles, les peintures improvisées de Fabien Verschaere, les objets détournés de Richard Fauguet, les toiles intenses et colorées de Gilgian Gelzer ou encore les grands formats poétiques de Marlène Mocquet.

Jusqu’au 22 septembre.

Iris van Herpen, photo Bart Oomes
Cristallization, Iris van Herpen, 2010
De l’art jusqu’à l’égarement

En Camargue, entre terre et mer, le Domaine départemental du château d’Avignon nous incite à prendre le chemin de l’égarement, à l’intérieur comme à l’extérieur de cette bâtisse exceptionnelle, qui fut autrefois une bastide transformée en pavillon de chasse. Perdons-nous, donc, parmi les salles et les jardins, guidés par l’imaginaire d’artistes contemporains qui bousculent les perspectives, renversent les sens et étirent le temps. Cheminons entre les cinquante œuvres présentées, dont certaines produites pour l’occasion, au gré des dessins, peintures, installations, photographies et autres pièces sonores. Dans la grande prairie et la chambre du château, le plasticien Dominique Angel propose un projet unique autour de cinq sculptures monumentales en bois : une par lettre du mot « errer » . Dans le parc, le Belge Rainer Gross redessine les allées grâce à un immense entrelacs de lattes de bois installé entre trois platanes centenaires ; le plasticien Philippe Ramette imagine un panneau de signalisation absurde, pour pousser la déambulation encore plus loin, et la peintre Françoise Pétrovitch donne vie à ses dessins à l’encre empreints d’étranges figures enfantines grâce à une vidéo dans laquelle les personnages plongent dans le bassin du lavoir du château.

Jusqu’au 20 octobre.

Bertrand Gadenne
Le renard, Bertrand Gadenne
Mode extravagante à Calais

Des créations de la jeune Néerlandaise Iris van Herpen, on connaît essentiellement les robes sculpturales aux formes organiques imaginées pour le monde de la haute couture. Des vêtements qui se situent toujours à la frontière de l’art, poussés non seulement par la multiplicité des figures géométriques présentées, mais, surtout, par la conception de la femme représentée : celle-ci pouvant être tour à tour femme-champignon, femme-oiseau ou femme-insecte. Une ode à la beauté subtile, à la sensualité et à l’imaginaire, proposée jusqu’à la fin de l’année par la Cité internationale de la dentelle et de la mode de Calais.

Jusqu’au 31 décembre.

Sur les traces d’Ulysse à Aigues-Mortes

Osons un nouveau voyage à travers l’épopée d’Ulysse dans les tours et remparts d’Aigues-Mortes avec l’événement Ulysse l’Original. Autour des textes fondateurs d’Homère et de James Joyce, le vidéaste Bertrand Gadenne et le plasticien Jean-Christophe Norman naviguent entre les chemins de ronde, la cour d’honneur et les portes des Reines et des Moulins avec leurs créations en extérieur. C’est ainsi que le curieux bestiaire de Bertrand Gadenne composé de hiboux, de renards ou d’escargots fait des apparitions monumentales sous la forme de sept projections sur les murs, la terre et les voûtes de cet écrin architectural. Des animaux qui observent plus qu’ils ne sont observés. Tout aussi impressionnant par la dimension de l’œuvre, Ulysse – La réactivation de Jean-Christophe Norman a été commencée sur le site d’Aigues-Mortes sous la forme de 353 feuilles A4 sur lesquelles l’artiste a recopié à la main le roman Ulysse de James Joyce. C’est sur d’immenses bâches blanches qui doivent être tendues sur les remparts que le spectateur pourra découvrir un fragment de ce travail. Par ailleurs, l’artiste bisontin entend relier les bâtiments des Frac Franche-Comté et Paca dans le cadre d’une longue marche, dont une escale est prévue cet été à Aigues-Mortes. Au cours de son périple, il a prévu d’envoyer une carte postale – systématiquement du mont Fuji – à chacune des deux institutions toutes les fois où ses pas croiseront une boîte aux lettres. Une performance qui mêle marche, écritures, notions de territoire et de temps. 

Jusqu’au 31 octobre.

Marcel Dinahet
Houat, Marcel Dinahet, 2013
Retrouvez cet article et quelque 300 événements estivaux d’art contemporain, sélectionnés par notre rédaction en France et en Europe, dans le numéro spécial Eté 2013 de l’e-magazine pour tablettes numériques ArtsHebdo|Médias. Téléchargez à cet effet gratuitement notre application sur l’Appstore ou sur Google Play.

GALERIE

Contact
Musée de l’abbaye Sainte-Croix, Rue de Verdun, 85100, Les Sables-d’Olonne, France.
Tél. : 02 51 32 01 16 www.lemasc.fr.

Crédits photos
Le renard © Bertrand Gadenne,Cristallization © Iris van Herpen, photo Bart Oomes,Houat © Marcel Dinahet,Many Dreams © Martine Feipel et Jean Bechameil
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