Aïda Kazarian – Caresse irisée

Seule femme peintre membre de l’Académie royale de Belgique, Aïda Kazarian est une enfant de l’exil qui nourrit son travail des traditions et souvenirs de l’Arménie, son pays natal. Dans le prolongement des approches visant à mettre à nu la peinture et ses matériaux apparues dans les années 1960 (Minimalisme, Supports-Surfaces), les œuvres de l’artiste aboutissent à une remise en question radicale de la peinture elle-même et de son support. Hantée par la problématique du nouage et de la trame (inséparables complices du tapis) et après avoir épuisé les ressources de techniques éprouvées, Aïda Kazarian s’est finalement délestée de tout outil, réduisant ainsi la distance entre la toile et son corps à l’infime épaisseur d’une pellicule de peinture dont elle enduit le bout de ses doigts ou encore l’arête de sa main.

Avec une parfaite maîtrise, l’artiste dépose la peinture par touches ; effleurement ou pression, le geste rappelle un rituel de méditation semblable à celui qui accompagne le collier de prière où les perles égrènent l’invisible, la quête de lumière au fil des doigts. Le geste, au rythme de la respiration, dans un mouvement de va-et-vient, de droite à gauche puis de gauche à droite, à l’image des tapis d’Orient, se répète inlassablement point par point. Jouant de la matité et de la brillance irisée de la peinture mais aussi de la consistance du support, opaque ou translucide, lisse ou grainé, la composition porte en elle les réminiscences d’une histoire personnelle où le mystère, propre à dérouter, peine à se dévoiler, mais où la déchirure, peut-être, s’avoue. A La Verrière, galerie de la Fondation d’entreprise Hermès à Bruxelles, c’est un ruban d’environ 20 m de long sur 2 m de haut qui porte les caresses de l’artiste, mis en scène sur un châssis spécialement conçu pour l’exposition. La longue fresque traversée par la lumière zénithale du lieu révèle toute la subtilité d’un travail à la fois méticuleux et jubilatoire. Une série de livres, qui reflètent une partie importante et peu connue de son travail, sera également exposée.

Aïda Kazarian
sur le site de la Verrière, Aïda Kazarian, 2009

GALERIE

Contact
Jusqu’au 10 octobre La Verrière, Fondation d’entreprise Hermès, 50, bd de Waterloo, 1000 Bruxelles, Belgique.
Tél. : +32 (0)2 511 20 62 www.fondationdentreprisehermes.org.
et http://www.brusselsartists.com/aidakazarian
Crédits photos
sur le site de la Verrière © Aïda Kazarian,De gauche à droite, Support de l’œuvre@ à La Verrière, Ping-Pong, à La Raffinerie de Bruxelles © Aïda Kazarian
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